Aujourd’hui, Nin’wlou Ariel Ménélik souffle ses 33 bougies. Un enfant né sous le ciel d’Abidjan-Yopougon, un 13 novembre, l’année 1991.
Un enfant que sa mère avait vu grand, qu’elle avait vu « quelqu’un », un homme de verbe et de flamme. Elle avait prophétisé qu’il marcherait loin, guidé par la lumière de ses mots, même quand le vent soufflerait fort. Aujourd’hui, l’enfant devenu homme foule des terres lointaines – Dakar, Bénin, et bien d’autres encore – .Pour dire que le feu de sa parole a brûlé les obstacles.
Qu’il a transcendé la douleur et la guerre pour devenir un poète du monde, un poète du peuple.
Son verbe est abrasif, et pourtant, il n’a jamais cessé d’être une caresse, une guérison. Ses premiers vers naissent en 2010, dans la tourmente de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. C’était la poésie ou rien. Un cri d’espoir dans le chaos, un souffle d’évasion dans la tempête. Depuis, la poésie est son abri et son arme. Le verbe pour soigner, le verbe pour éveiller, le verbe pour renverser.
Droit privé en poche, mais cœur poète, il marche à son propre rythme, ignorant les sentiers battus. Il entre à l’École des Poètes de Côte d’Ivoire, où il devient le président, le leader d’une génération de mots qui cherchent à bouleverser, à ouvrir les yeux et les cœurs.
« Nin’wlou », ce nom qui brûle comme une étincelle, signifie Paroles de Feu en Wê.
La langue du peuple, la langue de la terre. Des paroles qui ne se contentent pas de résonner, mais qui frappent, qui marquent, qui redonnent espoir.
Ce feu, il le met en scène. En mai 2021, La Marche du Feu prend vie sur la scène de l’Institut français de Côte d’Ivoire.
C’est un slam, une éruption de mots et d’émotions, un voyage dans le feu de l’âme. Ce spectacle, porté par l’énergie de Nin’wlou, est d’autant plus marquant qu’il réunit la parole de l’artiste et celle de sa mère. Source d’inspiration, ancrée dans chaque ligne, chaque vers. Ce sera le début d’un livre, La Marche du Feu, publié en septembre 2021 aux Éditions ZADIÉ. Qui emportera tout sur son passage et remportera le prix SILA Bernard B Dadié 2022 du jeune écrivain. Un recueil de poésie où chaque mot est un cri, chaque silence une déclaration.
Parmi ses œuvres les plus marquantes, Man tchè, Niehi, Ma Yapobi, Pour ces mômes… Des titres qui résonnent comme des hymnes, des chants de révolte, des appels à l’éveil. Des poèmes qui dérangent, qui révoltent, mais qui inspirent.
Il est ce poète, ce slameur, ce raconteur de vérités.
Un homme qui se fait porte-parole des sans-voix, des oubliés, des démunis. Son slam n’est pas un divertissement. C’est une nécessité. Pour réveiller les consciences, pour libérer la parole.
Ses victoires ne sont pas celles de l’ego, mais celles de l’art et de la résistance. Le prix Kailcédra du meilleur slameur en 2017, le concours Lydia Ludic Talents en 2021, le 3e prix du concours « Libres ensemble » des jeux de la francophonie. Et le trophée du meilleur slameur aux PRIMUD 2022. Il est là, sur la scène, invincible, porteur d’une parole qui traverse le temps, qui traverse les murs.
Aujourd’hui, Nin’wlou Ariel Ménélik marche encore, avec sa plume et sa voix. Comme un phare dans l’obscurité, comme un bras tendu vers l’avenir. La rédaction de Pouvoirs Magazine lui adresse un suave anniversaire. Un souffle de reconnaissance et d’admiration, car son art, sa poésie, sa liberté, continuent d’inspirer. Le verbe du feu continue d’éclairer le chemin des âmes en quête de vérité, de beauté et de transformation. La marche ne fait que commencer.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE