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Judith Jamison mesurait 1,80 mètre, avec un crâne rasé et un corps puissant.

Elle était l’opposée des ballerines classiques. Pourtant, elle incarnait la perfection et aurait pu endosser n’importe quel rôle.

Elle était à la danse américaine ce que Marie Rose Guiraud fut, Pehoula et Betty ont été ou Niamba Bacome est à la danse ivoirienne. Une muse, une déesse. Elle s’est éteinte à l’âge de 81 ans, laissant derrière elle un héritage inoubliable.

C’est  le grand Alvin Ailey qui la révèle au grand public. En 1965, à 22 ans, Judith rejoint la compagnie d’Ailey, marquant un tournant dans sa carrière. Née à Philadelphie, dans une famille passionnée par les arts, son père ingénieur rêvait d’être pianiste. Et sa mère enseignait le théâtre. Leurs rencontres à la chorale de l’église méthodiste épiscopale reflétaient l’amour de la musique et des arts dans leur foyer.

Judith commence la danse à six ans, et s’initie aux claquettes, à l’acrobatie et à la danse afro-américaine selon la méthode de Katherine Dunham. Elle poursuit ses études à Nashville et à l’université de Philadelphie, une époque où le ballet n’était pas encore ouvert aux enfants noirs. Déterminée à tout apprendre, elle étudie avec Antony Tudor, qui lui enseigne la fluidité du ballet classique, notamment la technique Cecchetti.

Judith Jamison est une danseuse complète, fascinée par tous les aspects de la danse.

Dans la compagnie d’Ailey, elle se distingue, notamment dans la pièce « Revelations », qui devient un pilier du répertoire d’Ailey. En 1972, Ailey lui crée le solo « Cry », une pièce de seize minutes dédiée aux femmes afro-américaines, et particulièrement à leurs mères. Ce solo devient son rôle signature et reste un incontournable du répertoire de la compagnie. La puissance de sa prestation est telle que la photo de Jamison dans « Cry » ornera les murs de la Maison-Blanche lors de l’arrivée des Obama.

Son charisme transcende les frontières. Les spectateurs sont emportés par sa performance, et on  l’invite dans des galas classiques. Même les plus grands noms de la danse, comme Baryshnikov, sont séduits par son talent. Ailey crée pour eux un duo intitulé « Pas de Duke ».  Les deux danseurs s’y affrontent sur la musique de Duke Ellington, dans un dialogue de géants de la danse. Maurice Béjart, quant à lui, crée pour elle son « Spectre de la rose » en 1979.

Judith Jamison danse avec plusieurs compagnies prestigieuses, notamment le Ballet Cullberg, le Ballet royal de Suède et le San Francisco Ballet. Elle est sans doute l’une des plus belles recrues de la compagnie Alvin Ailey. Entrée dans la compagnie en 1965, elle la quittera en 1985, laissant un vide immense dans le monde de la danse.

La carrière de Judith Jamison, grâce à son charisme, son talent et son influence, a inspiré des générations de danseurs. Et de spectateurs à travers le monde. Elle reste à jamais une légende de la danse afro-américaine et une figure incontournable de l’histoire de la danse contemporaine.

HARON LESLIE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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