Présidentielles 2025 : pourquoi Gbagbo peut redevenir Président

8 mois

Erick Fofana, journaliste politique propose une réflexion inattendue et très pertinente sur la Présidence 2025

Dans un courrier publié dans les colonnes de Dakar Matin le 21 octobre dernier, Robert Bourgi a présenté des excuses à Laurent Gbagbo, qu’il appelle « son frangin ». Sur un ton nostalgique, cet homme d’affaires a imploré le pardon de l’ex-président ivoirien, le qualifiant de victime des « forces obscures » de la Francafrique. Ce courrier arrive une semaine après des révélations troublantes tirées de ses mémoires, intitulées « Ils savent que je sais tout ».

Ce livre, en réalité, n’aurait été qu’un essai politique sur les relations entre la France et ses anciennes colonies. N’eût été le contexte politique préoccupant en Côte d’Ivoire, on pourrait s’interroger sur les motivations de Bourgi à parler autant, surtout à un an des prochaines élections présidentielles. Son air de contrition et le timing de ses déclarations n’apportent guère de confiance.

À moins d’un an de l’élection présidentielle, qui impliquera, à quelques nuances près, les mêmes acteurs qu’en 2010, 2015 et 2020, ces grandes révélations méritent réflexion.

Bien que les agissements de Bourgi semblent épars, il n’y a pas de coordination claire dans ses propos.

Pourtant, le moment choisi pour évoquer les résultats de l’élection présidentielle de 2010 suscite des soupçons. Quel intérêt a-t-il à tendre la main à un Laurent Gbagbo qui approche de quatre-vingts ans et qui est encore engagé dans un combat pour ses droits civiques, en partie à cause de ses choix ?

« Aujourd’hui, le temps est venu de se retrouver, de se parler de nouveau. Moi, l’aîné, je te demande de prendre ma main », intime-t-il. Humainement, cette approche pourrait sembler normale. Cependant, politiquement, cela ouvre la porte à la spéculation.

La main tendue par cet avocat franco-libanais peut-elle réellement représenter celle de la France ? Dans ses réflexions sur leur ancienne relation, Bourgi rappelle qu’il avait dit à Gbagbo : « Je t’avais dit, te regardant, que tu étais aussi un admirateur de De Gaulle. » Les ambitions de ce type de personnes se concentrent souvent sur des intérêts spécifiques. En d’autres termes, Gbagbo pourrait être perçu comme un allié pour la France.

Les relations entre la France et ses anciennes colonies se sont détériorées depuis l’élimination de Kadhafi en Libye en octobre 2011, et l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril de la même année. Cette détérioration a atteint un point culminant avec la création de l’Alliance des États du Sahel (A.E.S) en juillet 2023, au Niger. Gbagbo a accusé cette organisation, dans une interview récente, de faire la propagande de la France.

Aujourd’hui, près de 3 millions de km² de la région, riches en or et en uranium, échappent à l’influence française.

Les autorités françaises peuvent ignorer cette réalité, mais la population n’est pas dupe. Dans les couloirs de l’Élysée, on discute de la nécessité de redorer le blason de la France, terni par un manque de scrupules dans sa politique africaine.

Les dernières déclarations de Bourgi pourraient être le déclencheur d’une série de événements affectant le pouvoir à Abidjan. Ce gouvernement est devenu impopulaire en exacerbant la haine antifrançaise parmi la population ivoirienne, en raison de son arrogance. Dédouaner un ancien rival et le soutenir pourrait être une stratégie payante.

Et qui de mieux qu’un vieil ami retourné pour faire figure de repenti ? Robert Bourgi n’apparaît pas à nouveau sur les plateaux de télévision par hasard. La France cherche à reprendre la main dans l’ouest africain. Le panafricanisme affiché et la subtile francophilie d’un Gbagbo redevenu influent pourraient offrir un atout considérable.

Erick FOFANA

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

OPINIONS

DU MEME SUJET

Côte d’Ivoire: La présidentielle 2025 sera reportée…

Au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix

De retour de France, Thiam formel: « le Pdci va gagner en 2025 »

Présidentielle 2025 : Tidjane Thiam à ses partisans : « Nous avons la