À Hiré, dans le département de Divo, la journée électorale se déroule dans une ambiance morose. Si les bureaux de vote du centre-ville accueillent quelques électeurs, la situation est bien différente dans les villages environnants, où le boycott semble largement suivi.
L’atmosphère à Hiré est lourde, presque inquiétante. Les rues sont vides, et la ville semble suspendue dans un silence inhabituel. Seuls les bureaux de vote du centre urbain, notamment celui de l’école primaire centrale, enregistrent une certaine affluence.
Ici, la majorité des votants sont issus des communautés malinké et des allogènes
Mais dans les villages alentour — Gogobro, Kabê Zégo, Douaville —, la situation est tout autre. Les routes sont barrées, les localités inaccessibles. Le mot d’ordre est clair : boycott. Dans les quartiers baoulé et à Hiré Dida, ancien campement historique, l’abstention est totale depuis les premières heures du scrutin, depuis 7h30.
Une grande partie de la population se montre hostile au processus électoral. Beaucoup estiment que « les dés sont déjà pipés ». Selon plusieurs habitants, les opposants n’ont ni structure militante solide ni réelle stratégie sur le terrain :
« Vous n’avez pas de militants, mais vous allez aux élections en espérant que Thiam ou Gbagbo vous fassent rois ». Ironise un habitant.
D’autres dénoncent la tendance à toujours compter sur les leaders historiques pour “tirer les marrons du feu”. Tandis que la mobilisation locale reste faible.
Le constat est sans appel : peu d’affluence, peu d’engagement, et une défiance marquée envers le scrutin.
Hiré (anciennement Hiré-Watta) est une localité du sud de la Côte d’Ivoire. Chef-lieu de commune du département de Divo, dans la région du Lôh-Djiboua. La sous-préfecture compte environ 78 000 habitants répartis dans six grands villages : Gogobro, Zaroko, Bouakako, Kagbé, Hiré (Yré Wata) et Douaville.
Les autochtones Dida de Vata, réputés pour leur bravoure — « Vato » signifiant guerriers —, cohabitent avec plusieurs autres communautés. Notamment des Baoulés Godai et des ressortissants de pays voisins, en majorité burkinabés.
La commune vit principalement de l’agriculture (café-cacao, produits vivriers) et de l’exploitation aurifère.
Pour rappel, le maire Gilbert Francis Kacou est décédé subitement en mars 2025. Il était agent de joueur et avait fait fortune en trouvant un contrat pour Wilfried Boni. Ancien membre du RHDP, il avait rejoint le PDCI-RDA en juin 2024 à la grande colère d’Amédé Kouakou. Il s’était récemment marié en janvier 2025.
E.FOFANA
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
