Que valent et à quoi servent les premiers ministres de Ouattara ?

2 semaines

Côte d’Ivoire: Soro Guillaume, Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, Patrick Achi, Beugré Mambé – 

Depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara à la présidence de la Côte d’Ivoire en 2011, plusieurs premiers ministres se sont succédé à la primature. Chacun apportant son style de gouvernance et ses priorités. Chacun d’entre eux a joué un rôle stratégique dans l’exécution des politiques de Ouattara. Mais leur valeur et leur utilité ont souvent été matière à débat. Analysons le parcours de Soro Guillaume, Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, Patrick Achi, et Beugré Mambé pour comprendre leur impact et leur contribution à la vision politique de Ouattara.

Soro Guillaume : L’homme de la réconciliation nationale

Ancien chef rebelle et figure clé de la rébellion de 2002, Gbagbo a nommé Guillaume Soro Premier ministre en 2007. Dans le cadre de l’accord de paix de Ouagadougou, puis reconduit à ce poste par Alassane Ouattara en 2011. On perçoit Soro souvent comme un acteur de la réconciliation nationale, ayant réussi à maintenir un semblant de stabilité dans un pays profondément divisé. De nombreuses personnes pensent le contraire. Sa capacité à rallier les anciens rebelles et à s’engager dans le processus de désarmement et de démobilisation a été essentielle pour éviter une nouvelle guerre civile.

Soro a été utile dans les premières années de la présidence de Ouattara pour apaiser les tensions politiques et sécuritaires. Sa nomination était également un geste de compromis politique destiné à stabiliser le pays après une décennie de crise.

 

Jeannot Ahoussou-Kouadio : L’artisan de la coalition politique

Jeannot Ahoussou-Kouadio a été nommé Premier ministre en mars 2012, peu après la fin de la crise post-électorale de 2010-2011. Membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), son choix comme Premier ministre a marqué la volonté d’Alassane Ouattara de renforcer l’alliance entre son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), et le PDCI de Henri Konan Bédié, dans le cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Ahoussou-Kouadio a été utile pour consolider la coalition RHDP, en apaisant les tensions et en assurant une certaine cohésion entre les différentes composantes de la majorité présidentielle. Sa nomination a également été un signal de réconciliation et de coopération entre les forces politiques ivoiriennes après la crise.

Daniel Kablan Duncan : Le bâtisseur économique et diplomate

Daniel Kablan Duncan est un homme politique expérimenté et technocrate respecté, ayant déjà servi comme Premier ministre de 1993 à 1999 sous Henri Konan Bédié. Il a été nommé Premier ministre sous Alassane Ouattara en novembre 2012, après Jeannot Ahoussou-Kouadio, jusqu’à janvier 2017. Duncan est connu pour son expertise en économie et en finances, ayant contribué à la stabilisation et à la relance de l’économie ivoirienne après la crise post-électorale.

Son retour à la primature a permis de donner une impulsion supplémentaire aux réformes économiques engagées par le gouvernement. Il a joué un rôle clé dans la relance des investissements, la réforme du secteur financier, et l’amélioration de l’environnement des affaires en Côte d’Ivoire. De plus, en tant que Vice-Président de la République (après son mandat de Premier ministre), Duncan a continué de jouer un rôle crucial dans la diplomatie économique et la coopération internationale, renforçant la position de la Côte d’Ivoire sur la scène mondiale

Amadou Gon Coulibaly : Le technocrate dévoué

Amadou Gon Coulibaly, technocrate et fidèle allié de Ouattara. On le nomme Premier ministre en 2017. Il était connu pour son travail acharné et sa compétence technique. En particulier dans les domaines de la gestion économique et des infrastructures. Gon Coulibalyfut l’un des architectes des réformes économiques qui ont conduit à une forte croissance économique en Côte d’Ivoire. Avec des taux de croissance parmi les plus élevés en Afrique.

Sa nomination à la primature a renforcé l’image d’un gouvernement dédié aux réformes économiques et à la modernisation du pays. Il a joué un rôle crucial dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de Ouattara en matière d’investissement et de développement, jusqu’à son décès en 2020.

Hamed Bakayoko : Le conciliateur

Hamed Bakayoko, nommé Premier ministre en 2020 après la mort d’Amadou Gon Coulibaly. On l’a perçu comme un conciliateur et un rassembleur. Ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, on connait Bakayoko pour ses bonnes relations avec les forces de sécurité et les jeunes. Il a œuvré pour apaiser les tensions politiques et sociales tout en maintenant l’ordre dans un contexte électoral tendu.

Hamed Bakayoko fut utile pour stabiliser le pays pendant une période critique. Marquée par la préparation des élections présidentielles de 2020 et les tensions sociales qui en découlaient. Il a su maintenir un équilibre entre fermeté et dialogue, contribuant à prévenir des troubles majeurs.

Patrick Achi : Le technocrate de la transition

Après la mort de Hamed Bakayoko en 2021, Patrick Achi, ancien ministre des Infrastructures économiques devint Premier ministre. Technocrate expérimenté, Achi est réputé pour sa connaissance approfondie des dossiers économiques. De même que son aptitude à gérer des projets complexes. Il a joué un rôle important dans la continuité des réformes économiques et dans la gestion de la pandémie de COVID-19.

Patrick Achi sert à maintenir la continuité des politiques économiques de Ouattara. Tout en apportant un sens de la stabilité dans une période de transition politique. On perçoit sa gestion des projets d’infrastructure et son approche pragmatique de la gouvernance comme essentielles. Elle a consolidé les acquis économiques du gouvernement.

Beugré Mambé : L’homme de l’administration locale

Bien qu’officiellement Premier ministre, Beugré Mambé est un acteur clé de l’administration Ouattara en tant que ministre-gouverneur du district autonome d’Abidjan. Ancien maire d’Abidjan, il est reconnu pour son expertise en matière de gouvernance locale et d’administration publique.

Beugré Mambé sert à renforcer l’administration locale, un domaine crucial pour la mise en œuvre des projets de développement. De même que pour assurer une gestion efficace de la capitale économique du pays. Sa connaissance de l’administration publique et sa capacité à mobiliser les ressources locales furent essentielles pour la gestion de la ville d’Abidjan.

Une succession stratégique au service d’un projet politique

Les premiers ministres de Ouattara ont chacun servi des objectifs spécifiques.  Allant de la réconciliation nationale à la gestion économique, en passant par la sécurité et l’administration locale. Leur nomination fut  stratégique. Visant à répondre aux besoins immédiats du pays tout en consolidant le pouvoir de Ouattara. Chacun d’eux a apporté sa propre contribution à la vision de développement et de stabilité d’Alassane Ouattara. Reflétant la diversité des défis auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée et les différentes stratégies qu’on utilise pour les relever. Leur valeur et leur utilité résident dans leur capacité à naviguer dans des contextes politiques et économiques complexes. Tout en servant de relais à la politique d’un président aux ambitions réformatrices.

 

JULIEN BOUABRE

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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