Aujourd’hui, le 27 août 2024, marque quatre ans.
Depuis que Pascal Affi N’Guessan a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle ivoirienne prévue pour le 31 octobre 2020. Cette date est un rappel des événements tumultueux qui ont suivi. Mettant en lumière le caractère complexe et souvent déroutant de ce républicain, dont il est difficile de lire la ligne politique.
Pascal Affi N’Guessan, figure emblématique du Front Populaire Ivoirien (FPI), s’est positionné en 2020 comme un acteur clé de l’opposition. Face au président sortant Alassane Ouattara. Alors que l’opposition, sous la bannière du Conseil national de transition (CNT), appelle au boycott de l’élection présidentielle, Affi N’Guessan est nommé porte-parole du CNT. Lequel conteste la légitimité de la candidature de Ouattara. À ce moment précis, Affi N’Guessan semble incarner une opposition résolue et intransigeante, défiant l’autorité établie.
Cependant, la suite des événements montre une autre facette de sa stratégie politique. Après l’annonce de sa candidature, Affi N’Guessan devient une cible pour le régime en place. L’encerclement des domiciles des opposants par l’armée et les arrestations massives montrent l’ampleur de la répression à laquelle l’opposition est confrontée. Affi N’Guessan, dans un premier temps, prend la fuite pour échapper à l’arrestation. Son arrestation le 7 novembre 2020 et les accusations graves portées contre lui, allant du « complot contre l’autorité de l’État » à des « actes de terrorisme », marquent une escalade dramatique de la crise politique. Il est finalement libéré sous caution le 30 décembre 2020, après près de deux mois de détention.
Toutefois, en avril 2023, Pascal Affi N’Guessan fait une volte-face politique surprenante.
Il annonce sa candidature sous l’étiquette du FPI pour le conseil régional du Moronou lors des élections régionales de septembre 2023. Une décision qui pourrait sembler en ligne avec son engagement politique antérieur. Mais ce qui déroute davantage, c’est son alliance inattendue avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara. Son ancien adversaire. Beaucoup perçoivent cette alliance stratégique avec le RHDP, comme un compromis politique. Cela a provoqué des réactions mitigées parmi ses partisans et ses détracteurs. Pour certains, c’est une preuve de pragmatisme politique. Tandis que pour d’autres, c’est une trahison des idéaux de l’opposition.
Le parcours récent d’Affi N’Guessan aux régionales du Moronou, où Véronique Aka du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) le bat. Avec 62,9 % des voix, témoigne des défis et des ambiguïtés de sa position politique actuelle. Ses décisions récentes illustrent une tendance à naviguer entre plusieurs lignes politiques. Ce qui rend difficile la lecture de ses intentions véritables.
En fin de compte, Pascal Affi N’Guessan demeure une figure énigmatique de la politique ivoirienne. Capable de défier les attentes et de surprendre aussi bien ses alliés que ses adversaires. Son parcours politique des quatre dernières années reflète à la fois une volonté de résilience face aux défis et une adaptabilité stratégique. Même si cela signifie traverser des terrains politiquement instables. Cette complexité fait de lui un républicain dont la trajectoire reste à la fois fascinante et imprévisible.
ETHAN GNOGBO
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE
