Décédé le 16 janvier 2023, Paul Akoto Yao, ancien élève de St Cloud et ministre de l’Education nationale, écrivain, il dit ce qu’il sait du premier président ivoirien
“Ce qui manque le plus à l’Afrique c’est le devoir de mémoire. Nous avons vite fait d’enterrer les personnes qui ont contribué à asseoir notre être. Félix Houphouët-Boigny par exemple, sans vouloir être dans la flatterie basse, est un homme de vision. Aujourd’hui ça peut paraître simple, mais à l’époque construire une nation par des personnes qui n’ont pas la formation qu’on peut se procurer maintenant, il fallait le faire.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale (39-45) il a envoyé des élèves ivoiriens en France en pensant à l’Indépendance. On lui a reproché de ne pas vouloir de l’indépendance, mais il ne s’agissait pas de se réclamer de l’indépendance mais d’y accéder avec des personnes formées et un personnel politique qualifié. Pour moi Houphouët-Boigny est quelqu’un d’extraordinaire. Nous qui l’avons côtoyé très jeunes et qui avons travaillé avec lui en tant que ministre, nous avons beaucoup appris parce que c’était quelqu’un de très humble.
Houphouët vous accueille toujours en se levant et vous accompagne quand il vous a reçu. Il est toujours ponctuel, chose qui manque le plus par ces temps qui courent. Pour moi, il représente un être extraordinaire puisque depuis qu’il est parti nous avons sombré, avons déconstruit ce qu’il a construit. En ce qui concerne l’éducation nationale, je n’ai pas le sentiment aujourd’hui que l’approche de l’éducation est conçu de manière qu’il ait un dialogue permanent avec les jeunes dont on a la formation.
Former ne veut pas dire embrigader, endoctriner. Former c’est offrir la possibilité à l’enfant d’avoir un choix de vie, des perspectives d’avenir et d’asseoir son avenir.”
Pouvoirs Magazine