Festival féministe, Edwige Dro: « Des féministes sont harcelées ici en Côte d’Ivoire »

2 ans

Du 10 au 12 février se tient au Goethe-Institut à Cocody la première édition de House of african feminisms, festival de l’expressionnisme féministe en Côte-d’Ivoire. Goupillé par l’activiste du genre Edwige Dro, ce sont plusieurs figures de proue du mouvement sur le continent et la sous-région , avec la variété des militantes locales qui se donnent rendez-vous à ce sommet, pour débattre et faire entendre leur voix à travers plusieurs activités multiculturelles aux tons engagés. Entretien so Dro Edwige.

Comment se porte le mouvement féministe en Côte d’Ivoire et quel peut en être le baromètre de mesure?

Le mouvement féministe se porte bien en Côte d’Ivoire. Nous nous appuyons sur le parcours de nos devancières comme Jeanne Gervais, Constance Yaï, Madeleine Tchicaya et bien d’autres femmes. La 4e vague du féminisme se caractérise par l’utilisation des outils numériques et nous le faisons bien, non?

On a le sentiment qu’il est moins visible et actif en Côte d’Ivoire et en Afrique et qu’ailleurs

Alors, je ne sais pas si on entend beaucoup parler du mouvement féministe asiatique ici. Mais je puis dire qu’en Afrique, le mouvement est superbement visible. En Côte d’Ivoire particulièrement, la personne lambda entend parler du féminisme. Qu’elle en ait une définition erronée ou non, on en parle. Les discussions se tiennent en présentiel et en ligne. Des féministes gambiennes ont tenu des ateliers en fin d’année dernière. La plateforme Eyala organise des cercles de parole au Ghana, au Bénin, au Kenya. La féministe Emma Onekekou au Burkina Faso travaille beaucoup sur les questions LGBTQI dans le mouvement. L’organisation féministe, Femin-In de Bénédicte Bailou, organise pendant chaque année ses universités. Et évidemment nous, avec la House of African Feminisms (Maison des féminismes africains) où on veut être une plateforme où toutes les féministes et les femmes peuvent se retrouver et en apprendre plus sur le mouvement et les unes des autres. Nous avons un site: www.houseofafricanfeminisms.org

Quelles sont les ambitions du festival House of african feminisms?

Pour la House of African Feminisms, il s’agit de continuer dans sa mission d’ouvrir les conversations, de permettre aux féministes, aux femmes et à toute personne désireuse de parler, de s’écouter, de comprendre les enjeux, défis et joies auxquels elles font face. Pendant ces trois jours, on va échanger, rire, faire la fête. Vous êtes invité!

Pourquoi le thème: « Réflexions sur l’amour et la solidarité dans le mouvement féministe »

L’amour et la solidarité sont plus que nécessaires dans le mouvement. Des femmes sont tuées en Iran parce qu’elles refusent de porter le voile. D’autres sont kidnappées au Nigéria ou au Burkina Faso sans que presque personne ne s’en émeuve. Des féministes sont harcelées en ligne et dans la « vraie » vie en Egypte et même ici en Côte d’ivoire. Et j’en passe. Nous avons besoin de nous retrouver dans un espace où baigner dans de l’amour. Nous avons besoin de respirer. Et alors qu’on respire, que nous sommes dans un environnement où règne la bienveillance, nous pourrons aborder des thèmes comme la justice linguistique, la solidarité envers les femmes qui survivent et n’ont pas l’espace mental de penser à la question féministe. Nous pouvons aussi parler avec nos sœurs trans, queers et personnes non-binaires et apprendre les unes des autres.

Les origines lusophone francophone anglophone, hispanophone augure t-elles de la création d’un réseau panafricain à terme?

Il y a toujours eu un réseau panafricain du mouvement féministe. Célestine Ouézzin a pris part en décembre 1949 déjà à la conférence des femmes d’Afrique et d’Asie à Pékin. Quand Aoua Kéita, Funmilayo Ransome-Kuti et d’autres femmes du continent se réunissaient en 1964 pour mettre en place l’organisation panafricaine des femmes, c’est un réseau panafricain. Et les choses ne se sont pas arrêtées là. C’est d’ailleurs pour cette raison que la House of African Feminisms existe: pour rappeler toute cette longue et riche histoire afin de ne pas réinventer la roue.

Le mot d’ordre, ou les mots d’ordre?

Bienveillance. Humilité. Joie. Rire. Solidarité. Amour.

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