Avec « Spirit », leur duo en working progress, les danseuses-chorégraphes Désirée Koffi et Marcelle Kabran de El’s Cie nous emmènent dans un questionnement philosophique sur la tripartition corps-âme-esprit lié à la difficulté d’expliquer les relations conflictuelles qu’il peut avoir entre les états physiques et les états mentaux.
Qu’est-ce qui expliquent le conflit entre l’esprit et le corps, le conflit entre l’homme et la société, l’influence de la société sur l’esprit ? Pourquoi sommes-nous de plus en plus enclins à nous présenter dans des corps et des esprits qui ne nous sommes pas propres ? Les danseuses-chorégraphes Désirée Koffi et Marcelle Kabran nous invitent à travers « Spirit » à mener la réflexion sur cette question existentielle de l’époque contemporaine. Avec sa différence de gabarit et de silhouette, le duo entame son propos sur scène par un jeu de mimétisme absurde. Le pantomime est risible. Cependant, l’intention qui s’y dégage n’est pas moins interrogative. Les différences dans ce jeu d’attirance-répulsion sont des points d’ancrage solides.
La chorégraphie met en scène un déploiement énergique des corps des deux interprètes. Il y a de l’intensité communicative au spectateur. L’on est scotché par l’expression des corps sur les musiques syncopées. Elles se défoulent différemment, dans une poétique des corps dont la souplesse reste à travailler quand les hanches se mettent en liesse. Par contre, les alchimies des corps sont belles dans les langages physiques. On peut penser à cette danse comme un rituel initiatique qui amène à se pencher sur une réflexion philosophique de l’alchimie spirituelle, cette quête de connaissance de soi, d’archéologie intérieure destinée à se découvrir en tant qu’être singulier, élément utile d’un puzzle social…
Création à questions multiples
« Spirit » est une pièce polysémique à l’écriture soignée. Qui distribue plusieurs clés de code : religion, altérité, féminisme, la domination, le pouvoir. Cette création de 25 minutes – qui s’est jouée le 2 décembre dernier à L‘Institut Français dans le cadre des Soirées Chorégraphiques d’Abidjan (SOCA) initiées par la fédération Accor’Danse- est une belle expérience de création pour ses deux conceptrices. En effet, riches de leurs expériences et différentes trajectoires antérieures, Désirée Koffi, et Marcelle Kabran se retrouvent dans cette aventure El’s Cie comme un laboratoire de performances solides, sous le regard extérieur avisés de chorégraphes chevronnés comme Joseph Aka, Nadia Beugré…
Koffi désirée a été formée à la danse traditionnelle, au chant et au théâtre au groupe (Djolem) une troupe de danse traditionnelle en 2003. Elle intègre par la suite la compagnie de danse contemporaine N’soleh sous la direction de Massidi Adiatou et Jenny Mezile afin d’y apprendre la Danse contemporaine. Elle sera sélectionnée par Georges Momboye pour la fresque chorégraphique du cinquantenaire de la Cote d’Ivoire ainsi que la cérémonie d’ouverture et de clôture du festival des arts nègre à Dakar au Sénégal en 2010. Elle découvre alors l’art de la portée. Cet apprentissage de la danse contemporaine lui permis de participer Participation aux jeux de la Francophonie de Nice en France avec la Compagnie Tchétché en 2013 et au festival TANZ IM AUGUST de Berlin et au ZURCHER SPEKTAKEL THEATER de Zurich avec la compagnie N’soleh en 2011. En 2015, elle est sélectionnée en tant que danseuse dans la pièce NO RULES piloté par le chorégraphe Joseph Aka. Elle participera à la tournée européenne et à la présentation du spectacle au MASA 2016 et 2018.
Marcelle Kabran, elle, est titulaire d’un Certificat d’Enseignement des Arts au CFPAC (Centre de Formation Pédagogique des Arts et de la Culture) de Côte d’Ivoire, titulaire d’un Master Professionnel en Danse et Chorégraphie à l’ENTD (Ecole Nationale de Théâtre et de Danse) en Côte d’Ivoire, titulaire d’une Licence professionnel en Danse à l’ENTD (Ecole Nationale de Théâtre et de Danse) en Côte d’Ivoire ET titulaire d’un BAC A2 au Collège Honoré De Balzac(Bondoukou). Elle suit des stages de formation et collabore avec des étudiants d’une école D’Amsterdam et aussi à l’école des Sables de Germaine Acogny ; elle suit une formation sur l’art de l’enseignement à l’école des Sables de Germaine Acogny.
Depuis 2011 elle est danseuse, comédienne, chanteuse de la Compagnie KASSOU-TRI Elle fut etudiante à l’école Nationale de Théâtre et de Danse de l’INSAAC à Abidjan. En 2020 elle participe au festival « in out dance » avec la cie Aminata Sanou sur la création « mouvement non autorisé» Elle participe en 2018 au Marche des Arts et du Spectacle d’Abidjan (MASA) avec la Compagnie KASSOU-TRI.
Pouvoirs-Magazine