Tiburce Koffi: “Je suis un combattant… j’exprime les tragédies de l’orphelin, de la veuve”

6 mois

‘E sro Djoué N’Ga’ est le titre d’une chanson de Tiburce Koffi qu’on voit dans un clip en noir et blanc en compagnie de son instrument, la guitare, de ses “bergers baoulés” en réflexion.

À quel besoin  correspond cette chanson ?
Au besoin d’exprimer une tristesse que je ne peux plus contenir. La tristesse de voir la misère ambiante, les peurs qui dévorent les entrailles de milliers de gens qui n’osent pas dire leurs refus des injustices. Besoin d’exprimer les tragédies de l’orphelin, de la veuve… en somme, l’ordre cruel de ce Monde si beau.
Vous demandez à votre interlocutrice de ne pas poser la main  sur la tête.  Que risque t-elle sinon?
Croiser les mains sur la tête est un signe de désespoir et de défaitisme. Je suis de tempérament optimiste. Et je suis un battant, voire un combattant. Le défaitisme favorise la soumission à l’injustice, l’abandon de soi aux force d’oppression. Et la chanson dit : “le jour où nous serons unis, nous changerons les choses”…
 Le spectre de Marcellin Yacé plane. Vous avez eu un besoin de flute comblé par Fabrice Koffi.
Oui. Marcelin Yacé continue de m’habiter, tout comme Afri Loué et Jimmy Hyacinthe. J’adore le son, coulant de la flûte. Cet instrument me paraît le plus approprié à rendre compte des états d’âme vraiment  intimes comme la tristesse, le besoin de se confier à… Les notes d’une traversière sont des pleurs. Et Marcelin Yacé m’avait envoûté par son approche de la flûte traversière. Écoutez la version instrumentale de “Un podium pour Ful“. Sur ce titre, il nous sert 8 mesures de flûte où il aligne les prouesses techniques et l’expressivité. Chromatiques, appogiatures, prolongement de la note, etc., toute la magie de la flûte se retrouve dans son solo. Et il fait une résolution qui paraît scolaire car attendue, mais qui conclu merveilleusement la phrase. Combien d’Ivoiriens ont écouté ce merveilleux texte musical ? La radio ne l’a jamais jouée, encore moins la télé. Afri Loué n’avait jamais aussi bien joué en matière de musique de variétés. Moi, de même.
Finalement quelle est l’histoire de cet instrument avec vous?
En fait, c’est sur un titre de Georges Benson, (peut être “a fat in the wind“) que j’ai découvert les capacités expressives de la flûte. Je n’ai pas eu le nom de ce flûtiste, mais il a servi sur ce titre, au moins, près d’une quarantaine de jolis solos. Un jour, j’ai fait écouter cette pièce à Marcelin. Sa réponse, mot à mot : “Oui, je connais ce morceau. Le flûtiste a été superbe”. Et il a ajouté : “C’est comme cela que j’aurais joué si j’avais été à sa place”. Ce flûtiste l’avait influencé…
Plus tard, grâce à Maître Abondio, j’ai découvert Richard Egües ( NDLR:fils du guitariste Eduardo Egues, Richard est un flutiste cubain de renom né le 26 janvier 1924 à Cruces et mort le 1er septembre 2006 à La Havane). J’étais comblé.
Qu’en est-il de “Zurich train “?
C’est le titre phare de mon album. Je considère  “Zurich train” comme ma plus grande et belle signature guitaristique. J’ai enregistré le solo à Paris, dans le studio du mari de Barbara Akabla. François, son nom. Guitariste lui-même et ingénieur du son. Il était ravi d’entendre mes phrases. J’étais habité par Kenny Burrel et Dez Gad. Inspiré. J’ai joué plusieurs phrases. Au mixage, la sélection a été un peu douloureuse… Ce fut une belle séance.
Doit-on s’attendre à un concert de votre part ? Quand et où si oui ?
Ce n’est pas impossible. Mais à vrai dire, je ne suis plus un musicien de scène ; je suis devenu surtout un guitariste de salon et de studio. Je joue sur mes guitares comme j’écris mes livres : dans l’intimité de ma chambre ou de mon salon. En studio, des amis me filment parfois… en douce comme on dit. Je laisse faire.
Interview réalisée par
A.K.
POUVOIRS MAGAZINE

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