Éléphants Can 2023 : est-on (vraiment) prêt?

10 mois

   À la faveur de la trêve internationale, les éléphants de Jean Louis Gasset devront se réconcilier non seulement avec le jeu, mais avec leurs supporteurs gagné par le scepticisme à quelques mois du tournoi.

Les éléphants affrontent le Lesotho pour la 6ème journée des éliminatoires de la CAN 2023, et le Mali en amical. Plus que de simples matchs de rotation, ils devront s’inscrire dans une dynamique de reconquête de nature à rassurer les observateurs sur l’état de forme des pachydermes ivoiriens. La dernière déconvenue en terre zambienne avait laissé présager d’une campagne désastreuse en janvier prochain.

Une lourde défaite avec son corollaire d’incertitudes. À fortiori, le management discutable du sélectionneur tant sur le terrain qu’en dehors. Ce dernier éludant les questions fâcheuses devant permettre de crever l’abcès. Le chantier devant mener à la compétition s’avère herculéen.

Entre le retour en forme de deux cadors (Aurier, Boly) le ballotage des cadres tels que Kessié, Bailly, Dely, Ghislain Konan et les fulgurances des jeunes loups Konaté Karim, Sylla Aboubacar, Sinaly et autre Adingra, le technicien français devrait acter des choix audacieux de nature à susciter une réelle émulation au sein de cette sélection.

Il n’est plus supportable que la sélection s’avère une plateforme de relance de carrière pour professionnel en délicatesse, au mépris des exigences de performance. La pâle copie de certains tauliers lors des dernières apparitions en orange opte en faveur de cette révolution.

S’il avait entamé son aventure ivoirienne avec un aplomb prometteur au niveau de son animation de jeu, confère les deux matchs références en termes de contenu (Guinée et Togo), Gasset a progressivement sombré dans la routine tactique et son management s’est quelque peu effrité au gré des caprices des divas; À l’instar de la frilosité de ses prédécesseurs.

D’un reluisant 3-5-2 avec un attrait pragmatique pour les transitions directes, le montpelliérain s’est ensuite muré dans un 4-3-3 résolument déséquilibré en phase défensive, reposant sur les exploits individuels des ailiers. Et les errances techniques habituelles. La lenteur dans les transitions, l’absence de rythme liée à la méforme physique des joueurs… Autant d’imperfections qu’il faudra rapidement corriger. Par ailleurs, les récents transferts de potentiels titulaires en la personne de Kessie, Seko et peut être celui de Bailly dans un championnat de niveau contestable. Une inconnue supplémentaire pour Gasset dont il devra tenir compte dans ses choix.

 

Autre sujet épineux qui requiert une certaine lucidité, le spectre du retour de Sylvain Gbohouo. Quand on sait l’importance du poste de gardien de but dans une telle compétition, celui-ci doit bénéficier de la pleine confiance de la direction technique, et cela ne devrait souffrir d’aucune once de contestation. Par conséquent, le timing et le bon sens militent en faveur de Badra Ali. L’ex académicien a remplacé vaillamment le champion d’Afrique 2015 et s’est bonifié au fil des rencontres. Il a engrangé de bons points, consolidé sa confiance et assume cette responsabilité avec sérénité et maturité.

Faire planer le doute sur sa titularisation au simple motif que l’ex numéro 1 serait simplement de retour, serait une énorme erreur de jugement. Bien entendu le marqueur indiscutable reste la performance. Toutefois, le lobbying sournois qui s’instaure sur la toile et les dernières déclarations de Gasset sur le sujet sont de nature à créer des équivoques.

Changer de gardien à cinq mois d’une compétition majeure est hasardeux. Le cas de Manuel Neuer, revenu subitement de blessure la veille du mondial russe est édifiant. Pour rappel la Mannschaft avait sombrée au premier tour, et le portier bavarois avait livré sans doute la prestation la plus terne de sa carrière.

La marge de manœuvre est donc réduite pour les éléphants qui devront à la fois vaincre et convaincre. Ces deux matchs test seront minutieusement scrutés, et il permettront de jauger le niveau et les ambitions des éléphants. Le compte à rebours est lancé.

LOÏC DAMAS  

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