Boa Thiémélé s’attaque à Zadi Zaourou à titre posthume

1 an

Le dernier ouvrage de cet auteur oscille entre livre à charge et exercice de démolition de l’image du maître Zadi Zaourou

Sorti  aux éditions Kamit, le livre « Le poète, le philosophe et la politique » est à charge et l’auteur le dissimule assez bien.

C’est un livre de démolition en règle sinon comment le Pr Boa Thiémélé peut-il écrire « Bohui Dali fut un perpétuel révolté, pas un révolutionnaire ; un individu condamné à n’être libre que dans la solitude ou la critique perpétuelle. N’est-ce pas le même destin que subit aussi Zadi Zaourou quand il démissionna de l’USD, un parti qu’il avait contribué à créer, à porter à bout de bras, durant de longues années » (p. 75) Tout en gardant de publier la déclaration de Zadi Zaourou donnant les raisons de sa démission d’un USD truffé de cadres qui piaffaient d’entrer dans le gouvernement du général Gueï.

L’auteur prend une première précaution en parlant de la vie et la mort  qu’il finit par entremêler.

A la page 20, il écrit : « Si mourir c’est être en proie aux vivants, une seconde mort, plus néfaste et plus pernicieuse que la première nous guette. Elle est portée par l’oubli. Celui dont on ne parle pas, celui dont ne souvient pad, est appréhendé résolument comme ayant définitivement perdu son existence personnelle intérieure. »

Autrement dit: « voici deux renégats je vais me les faire. Je vais parler d’eux en des termes très acerbes, très critiques mais c’est ma façon à moi de les faire vivre. Ne le prenez pas mal, je suis en train de contribuer à les extirper de l’oubli.

Je vais m’en prendre à ces deux icônes ne m’en voulez pas parce que je contribue à perpétuer leur mémoire.« 

Parce qu’à la réalité, la question de « l’ambiguïté de l’existence » qui court sur plus de 20 pages n’a rien à faire dans cet essai à charge.

Pourquoi cette précaution ?

Pourquoi s’attaquer à deux personnes incapables de se défendre ?

Pour quoi maintenant, 30 et 11 ans après leurs morts ?

La réponse peut  être, parce qu’elles ne peuvent pas se défendre.

Le problème que cet exercice de démolition pose est celui du rôle de notre élite, de nos intellectuels.

Alors au moment où des défis interconnectés s’imposent à nous, je pense à l’accès à l’éducation de qualité essentiel pour construire l’Ivoirien, la perte des repères de nos enfants qui s’abîment dans des alcools à fort titre en éthanol, au moment où les acquis des luttes politiques sont quasiment anéantis au point  où le système politique ivoirien est sous le contrôle d’un parti majoritaire et dominant (ce n’est pas une tare) en passe de se muer en parti unique, tout ce que le Professeur de Philosophie trouve, s’est de s’attaquer de façon insidieuse à l’une des figures qui a consacré sa vie entière à la lutte pour la liberté et la démocratie en Côte d’Ivoire, un homme brillant dont il a été le conseiller technique, au ministère et l’idéologue au sein d’une chapelle politique, l’Usd.

Voici ce que valent nos intellectuels, ce à quoi ils sont bons : démolir nos icônes, assassiner nos Socrate pour emprunter à Jean-Marie Kouakou, l’expression et la comparaison.

 

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