Le 10 mai prochain, le Parti des Peuples Africains-Cote d´Ivoire (PPA-CI) prend le risque d´investir un Laurent Gbagbo de 78 ans. Radié de la liste électorale pour une condamnation à 20 ans de prison. Comme son candidat pour les élections présidentielles de 2025.
Auguste Dago, jeune député de la circonscription électorale de Hiré-Zego, cadre du PPA-CI, donne les motivations de cette bataille des nerfs engagée contre le pouvoir.
Vous organisez une convention, le 10 mai prochain, pour investir Laurent Gbagbo comme candidat. Laurent Gbagbo dont l´inéligibilité est clamée dans toutes les tribunes par le pouvoir. N´êtes-vous pas en train de compromettre votre avenir politique ?
Nous considérons que le procès qui l´a condamné est un procès politique. Nous n´acceptons donc pas de nous voir appliquer une telle décision de justice. S´il avait été condamné dans les règles de l´art on aurait certainement eu une autre approche. Mais cela a été fait en violation de toute procédure judiciaire. On ne peut pas l´accepter.
Le PPA-CI est un parti de combat
Ça reste quand même une décision de justice ?
C´est justement pour cela que nous proposons qu´on aille au règlement politique de la question. Et on espère que Ouattara prendra toutes les dispositions dans ce sens.
Avez-vous des contacts avec le pouvoir sur cette question ?
Nous avons enclenché une procédure administrative en adressant un courrier au premier ministre. Sommes même à notre deuxième courrier. Et attendons d´épuiser toutes les procédures administratives avant d´aviser.
Et si vous n´avez pas le retour attendu au bout de ces procédures ?
Le PPA-CI est un parti de combat. Ses militants sont des militants de combat. Et on n´a pas peur de nous battre dans les règles de la république pour obtenir justice. On n’aura pas d´autres alternatives que de nous battre pour que notre droit soit reconnu.
A l´annonce de cette convention, des cadres du parti au pouvoir vous soupçonnent de préparer des troubles pour 2025.
Les responsables du RDR sont très mal placés en la matière. Nous, nous n´appelons pas à prendre des armes pour imposer notre candidat comme ils l´ont fait il y a de cela quelques années. Tout le monde peut se permettre de nous donner des leçons, mais pas le RDR. D´ailleurs nous obtenons ce à quoi nous avons droit en utilisant des méthodes pacifiques. Ce qui n´a jamais été le cas pour le RDR.
Les responsables du RDR sont très mal placés
Parlant de voix pacifique, des observateurs vous suggèrent, en tant que parlementaire, de proposer une loi d´amnistie. N´est-ce pas une alternative ?
C´est une alternative et ce n´est pas une voix à écarter. Mais, pour le moment nous n´avons pas encore choisi cette option.
Ne donnez vous pas l´impression de rentrer dans un bras de fer avec le pouvoir ?
Non, si nous voulions un bras de fer, nous n´aurions pas introduit une procédure administrative. Nous estimons que la voie de la négociation que nous ouvrons avec cette procédure permettra de régler la question.
Quels est l´état de vos rapports avec les populations de Hiré-Zego, votre circonscription ?
A mon élection, j´ai décidé de faire les choses autrement, pour ce qui concerne le rapport de l´élu avec sa population. C´est pour cela j´ai initié la restitution des travaux parlementaires, tous les ans. Ce qui ne se faisait pas. Puis pris l´engagement d´être proche des populations parce que ma représentation à l´assemblée nationale émane d´eux. Si bien que, tout ce que je peux faire pour les accompagner, je le fais, malgré mes maigres moyens. C´est pour cela que j´étais aux coté du CAMAH, un club de maracana de Hiré, le 13 avril dernier, dans le cadre de la deuxième édition de la Journée du maracana Watta.
Un plan marshal pour la ville de Hiré
La ville de Hiré a un aspect misérable malgré les mines d´or qui l´assaillent.
Je pense qu´il y a une incompétence certaine au niveau de la mairie. Et c´est cette incompétence que nous avons voulu pallier en proposant un candidat PPA-CI aux dernières élections municipales. Malheureusement cela ne s´est pas bien passé. Sinon, il faut vraiment un plan marshal pour la ville de Hiré. Au regard de ce que la ville de Hiré apporte au PIB de la Côte d´Ivoire, je dis que c´est injuste qu´il n´y ait pas un programme particulier de développement pour cette ville et de toutes celles qui produisent de telles richesses en Côte d´Ivoire.
Mais on reproche aux cadres de Hiré de ne pas s´impliquer dans le développement de la ville. Et d´utiliser l´argent destiné au comité de développement local à d´autres fins.
Ce que je sais, c´est qu´il y a trois comités de développement local minier (CDLM). Un à Agbaou et deux à Hiré. Agbaou fonctionne bien, mais ceux de Hiré ont des difficultés dans leur fonctionnement ces dernières années. Mais des dispositions sont en train d´être prises pour améliorer les choses. Seulement, sachez que le CDLM est contrôlé par l´administration publique avec le préfet de région. Lequel en est le président. Ce qui veut dire que le développement de notre ville ne dépend pas de nous.
Comment justifiez-vous le fait qu´il y autant de projet inachevé ou mal conçu dans la ville de Hiré ?
Agbaou fonctionne bien,
Ce modèle de gestion des CDLM par les préfets a montré ses limites. Avec les mines nous sommes en train de voir comment reprendre les choses en main pour améliorer le fonctionnement des CDLM. Et dans ce cadre-là, je peux dire qu´il y a beaucoup de bonnes choses qui arrivent. Je suis en contact avec les responsables des mines pour que, par exemple, le CDLM nous permette de relever le plateau technique à Hiré. Ce n´est pas normal qu´on ait une telle manne d´argent que nous donne le CDLM. Et ne pas permettre aux populations de se soigner convenablement. Et c´est cela mon combat, aujourd´hui.
Avez-vous prévu des choses pour les populations, pendant ces vacances ?
Bien sûr ! Ce sont bientôt les vacances parlementaires. Et je vais en profiter pour venir faire la restitution des travaux parlementaires aux populations de ma circonscription. Je serai encore aux cotés des jeunes qui m´ont sollicité pour le pour le « Watta cup ».
Entretien réalisé par Erick Fofana
POUVOIRS MAGAZINE
