La peur s’installe dans les rues, la nuit comme le jour

2 semaines

À Dakar, dans ses banlieues nerveuses comme sur la Petite-Côte, le quotidien s’alourdit. Vols, agressions, cambriolages : l’insécurité gagne du terrain, ronge les certitudes et fait vaciller la sérénité sénégalaise.

Le tout sur fond de crise économique et de désillusion sociale.

Pikine, un matin de mars. Fatou Diouf avait quitté son appartement à peine dix minutes — le temps d’aller chercher le petit-déjeuner. À son retour, la porte était entrouverte, sa fille dormait encore. Son téléphone et ses bijoux avaient disparu.
Deux mois plus tard, la jeune commerciale d’Orange n’a toujours pas retrouvé le sommeil.

« On ne se sent plus en sécurité, ni dehors ni chez nous », lâche-t-elle, la voix coupée entre colère et fatigue.

Le décor est planté : Dakar et ses banlieues populaires tremblent.
Les vols se multiplient, les agressions aussi. Les rues autrefois animées se vident plus tôt, les regards se font méfiants. Une main dans une voiture à l’arrêt, un sac arraché, un scooter qui disparaît à la tombée du jour… Les petits délits s’empilent et finissent par dessiner un climat d’angoisse.

Sur les réseaux sociaux, les vidéos d’agressions tournent en boucle.

Les commentaires disent tout : peur, impuissance, résignation.
« Même les morts ne reposent plus tranquilles », soupire Mamadou Niang, 73 ans, agent d’entretien à Pikine.

En décembre 2024, dans la mosquée du cimetière, les voleurs sont repartis avec treize ventilateurs, des tapis de prière, des haut-parleurs… et deux cercueils.
Oui, deux cercueils.

« Ceux qu’on utilise pour transporter les morts d’une ville à l’autre », précise Mamadou Niang, encore abasourdi.

La spirale inquiète.
Dans un pays où la débrouille fait loi, le ralentissement économique pousse certains vers la tentation du vol. Les inégalités s’élargissent, la colère gronde, la peur s’infiltre.
Et dans les quartiers populaires, là où la solidarité faisait rempart, les habitants baissent désormais la voix, ferment les portes plus tôt, guettent les bruits dans la nuit.

Dakar a changé de rythme : moins de rires, plus de verrous.

FATEM CAMARA

photo:dr

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