14 ans après sa disparition, Amédée Pierre reste une légende vivante de la musique ivoirienne.
Créateur du BURIDA et pionnier de la chanson moderne, il a porté la voix des artistes. Et fait résonner l’âme de la Côte d’Ivoire à travers ses accords, ses textes et son engagement.
Le 30 octobre 2011, le « Rossignol » s’éteignait à Treichville, mais son héritage musical continue de vibrer. Amédée Pierre, de son vrai nom Nahounou Digbeu Amédée, était bien plus qu’un chanteur. Il était un éclaireur pour la musique ivoirienne moderne. Dès les années 1950, entre Dimbokro et Abidjan, il jonglait entre guitare et responsabilités, d’abord infirmier bénévole, puis musicien de talent, guidé par sa passion et la volonté de raconter la vie des siens dans sa langue maternelle, le bété.
Frustré par l’injustice dans le monde de la musique, où les auteurs restaient souvent privés de leurs droits, il fonde le Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA), soutenu par ses amis Laurent Gbagbo et Bernard Zadi Zaourou. Son objectif : protéger les artistes, garantir que chaque note, chaque texte rapporte à ceux qui les ont créés. Moussio Moussio, SokoKpeu, Lorougnon Rabé…
Autant de tubes qui lui vaudront le respect du public et l’admiration des pairs.
Surnommé « Musiciano » dès ses années scolaires au Collège du Plateau, il gravite vite parmi les grands : Georges Benson, Bienvenu Neba… et plus tard, il inspire Ernesto et une génération entière d’artistes. Sa musique savait être flamboyante, tranchante quand il dénonçait les injustices. Et douce pour consoler ou réconforter. Amédée Pierre n’était pas seulement un chanteur : il était un poète social et politique, un artiste de rupture et de transmission.
Ses distinctions, nombreuses et méritées, témoignent de sa contribution exceptionnelle. De ses premières décorations au ministère de la Culture aux hommages posthumes par la grande chancelière Henriette Diabaté, chaque reconnaissance célèbre un homme. Lequel a donné à son pays plus que des chansons. Un patrimoine culturel et une voix pour les artistes.
Aujourd’hui encore, quatorze ans après sa disparition, Amédée Pierre reste un phare. La Côte d’Ivoire continue de vibrer au rythme de ses accords, et chaque note de son répertoire rappelle que le « Rossignol » ne meurt jamais.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
