Camara Youssouf. Abidjan a son fou… du livre

1 semaine

Entre passion dévorante et audace éducative, Camara Youssouf fait vibrer les livres et les esprits, transformant la lecture en expérience exaltante.

Ecrivain? Non! Gros lecteur? Non! Libraire? Non!

l’humain qui ne se nourrit pas que de substances utiles à son corps, ça existe

Camara Youssouf a commencé à lire dès le CP1, dévorant chaque page comme si sa vie en dépendait. Et il brillait dans toutes les matières littéraires. Captivant professeurs et camarades avec une curiosité insatiable. Arrivé en 6e, il abandonne ses lectures (son plus gros regret), séduit par les louanges qu’il reçoit pour ses exploits en mathématiques et physique. Impressionnant tout le monde au point que certains professeurs continuent encore aujourd’hui à évoquer ses exploits avec admiration.

Stimulé par ce succès scientifique, il se plonge dans l’informatique, obtient un DESS et gravit les échelons des postes prestigieux avec une détermination qui force le respect, mais au fond de lui, ses premiers amours ne l’ont jamais quitté, et le livre commence à murmurer son retour.

CAMARA YOUSSOUF

À Marcory, il crée un sanctuaire du livre où les enfants affluent chaque mercredi et samedi. Fascinés par la promesse d’une glace pour les plus assidus et par la magie d’un lieu où les pages prennent vie sous leurs yeux émerveillés.

Lorsqu’il parle de littérature, ses mains s’animent seules, retirant et remettant ses lunettes en un ballet effréné.

Son visage se froissant de bonheur comme s’il venait de retrouver un trésor perdu.

Ses yeux brillant d’une lumière folle. Et son rire éclatant trahit l’extase d’un homme possédé par le livre. Il adore se laisser qualifier de “fou du livre”, et il rit encore plus fort en imaginant que ceux qui l’écoutent le considèrent étrange. Tandis qu’il raconte les histoires qu’il chérit avec une passion contagieuse.

Dans un Abidjan en chantier, l’espace Bruly Bouabré, un peintre, auteur d’alphabet Bété prend forme à Y4. Et Camara rêve d’en faire the place to be, un lieu où les livres se transforment en ponts entre l’enfance et la connaissance. Où les pages deviennent des fenêtres sur le monde et où chaque lecture déclenche une explosion de curiosité. Une expérience? Il invite douze enfants chez lui, leur interdit Internet et observe, ébahi, qu’ils se ruent sur les livres comme des naufragés sur un radeau de papier.

Fascinés par les histoires qu’ils n’avaient jamais osé découvrir.

Respectueux des défenseurs du livre et admirateur d’Alpha Blondy, il vénère ceux capables de réciter le Coran ou la Bible après les avoir lus et relus des centaines de fois. Et il ne cesse de parcourir les Éditions Les Classiques Ivoiriens chers à Boaré Dramane. Partageant ses découvertes et ses enthousiasmes avec un rire communicatif. Mais son enthousiasme est teinté de mélancolie : il constate que les Ivoiriens lisent peu. Que leurs ministres ne citent personnes, que les chefs d’Etats non plus. Qu’aussi les maisons d’édition sont silencieuses. Et que la vraie plaie de la société africaine réside dans cette incapacité à nourrir l’esprit par le livre.

Habile commerçant autant qu’illuminé des lettres, Camara Youssouf, insatisfait de la quantité de ses lectures, transforme chaque espace en scène de découverte. Chaque sourire en victoire, chaque enfant fasciné en preuve que la lecture peut éveiller les consciences. Et ses gestes, ses lunettes qui dansent sur son nez, son rire effervescent et son énergie presque surnaturelle font de lui un véritable fétichiste du livre.

Un fou du livre? Eh bien oui. Heureusement qu’ils en existent pour n’être de l’argent pas fou.

AK

photo:dr

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