Simone Gbagbo : “la CEI évoque un taux de + de  50 %, y compris dans les zones où le vote n’a pas eu lieu.”

2 semaines

Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires donnant Alassane Ouattara vainqueur avec 89,77 % des voix, Simone Gbagbo réagit.

Dans une déclaration empreinte de dignité, elle conteste les conditions du scrutin et appelle au dialogue national pour “panser la déchirure”.

Simone Gbagbo – Déclaration après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle

« Les résultats provisoires proclamés ce jour ne me placent pas en tête. Je prends acte, tout en affirmant que le combat n’a pas été vain.

Cette campagne a révélé, au-delà des chiffres, la soif de vérité, de dignité et de justice qui habite le peuple ivoirien. Ce que les urnes n’ont pas traduit aujourd’hui, l’histoire le retiendra.

Le peuple ivoirien aspire profondément au changement. J’exprime ma gratitude au MGC, au COJEP, à Objectif République, ainsi qu’à tous les Ivoiriens qui, malgré la peur, ont montré leur engagement.

Les résultats annoncés ne reflètent pas fidèlement la volonté populaire. Depuis des mois, nous réclamons des réformes profondes, car le système électoral reste verrouillé. Nous demandions un scrutin inclusif, transparent et crédible. Le gouvernement nous a opposé une fin de non-recevoir.

Cette élection s’est ainsi tenue avec un fichier électoral contesté, truffé de doublons, d’électeurs décédés et de radiations discutables. La Commission électorale, déséquilibrée, a permis au pouvoir de conserver une influence écrasante.

Le scrutin s’est déroulé dans un climat d’intimidation et de violence.

Dans plusieurs régions — le Grand Pont, l’Agnéby-Tiassa, la Mé, Facobly, Issia, Yopougon, Songo, Akoupé — le vote n’a pas pu se tenir.

Des urnes ont été emportées, d’autres saccagées. Des attaques contre des locaux ont privé de nombreux citoyens de leur droit de vote. À Nahio, des affrontements ont causé des morts.

Et pourtant, la CEI évoque un taux de participation de plus de  50 %, y compris dans les zones où le vote n’a pas eu lieu. Nous ne pouvons bâtir une démocratie sur de telles incohérences.

Face à cette insécurité organisée, nos concitoyens ont choisi la prudence par peur. Je condamne fermement cette dérive électorale illégale.

Par ailleurs, 630 millions de francs est la somme qu’exige cette élection pour donner entre 10 000 et 20 000 francs aux représentants des partis. Ce montant contraste avec la misère de nos populations et les difficultés de nos partis.

Je lance un appel au dialogue pour panser la déchirure nationale. J’invite le Président de la République à faire preuve de clémence en libérant toutes les personnes arrêtées et en accordant l’amnistie ou la grâce présidentielle à tous les Ivoiriens emprisonnés.

Tant qu’il y aura des hommes et des femmes debout, rien ne sera perdu. »

Cette déclaration de Simone Gbagbo s’inscrit dans la continuité du discours de réconciliation que l’ex Première Dame porte depuis sa libération.
Tout en contestant la légitimité du scrutin, elle évite l’escalade et place le dialogue au cœur de sa démarche politique.

JULIEN BOUABRE

photo. dr

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