Le 21 octobre, l’artiste ivoirien Aboudia célèbre ses 42 ans. Entre Brooklyn et Abidjan, son style unique, forgé dans la douleur de la guerre civile, a conquis le monde.
Retour décomposé sur un parcours fulgurant, entre art brut, icône populaire et stratégie de star.
Aujourd’hui, 21 octobre, l’artiste ivoirien Aboudia fête ses 42 ans, au sommet d’une carrière artistique internationalement reconnue.
Né Abdoulaye Diarrassouba, il voit le jour en 1983 et étudie à Bingerville, spécialité art mural.
Il s’inspire des murs d’Abobo et des enfants oubliés pour construire une œuvre percutante, marquée par la guerre.
En 2011, ses toiles sur la bataille d’Abidjan lui donnent une notoriété mondiale grâce à des photos de Reuters.
Ses œuvres s’exportent vite : Londres, Abidjan, New York, Paris, Dakar, toutes les grandes galeries le veulent.
Il expose en 2014 à la Saatchi Gallery de Londres aux côtés d’artistes africains et sud-américains contemporains.
Aboudia peint des môgôs, amis fidèles et jeunes abandonnés, armés ou rêveurs, sur fonds sombres ou explosifs.
Sa technique est fulgurante : pastels gras, collages, acrylique et bombe aérosol créent des compositions intenses.
Ses tableaux sont peuplés de douleurs, d’enfances fracassées, d’images sexuelles et d’icônes populaires mêlées.
La série La Couleur de la Mort montre trois enfants soldats dans une ambiance pesante et presque suffocante.
Il s’abrite pendant les tirs, puis peint, libérant ce qu’il ressent en toiles brutes, nerveuses et viscérales.
Après la guerre, il aborde d’autres thèmes : enfance, religion, Abidjan, portraits, camaraderie et vie quotidienne.
En 2018, il crée la Fondation Aboudia pour aider enfants et jeunes artistes à Bingerville, sa ville d’origine.
Il reçoit le prix d’excellence pour le cinéma et les arts visuels en 2023, remis par la présidence ivoirienne.
Certains le comparent à Basquiat, mais Aboudia impose une touche singulière, enracinée dans la Côte d’Ivoire urbaine.
Ses œuvres atteignent des prix vertigineux, jusqu’à 350 millions FCFA, et envahissent le marché international.
Il devient une figure populaire, citée dans les bars, chantée au micro, distribuant parfois de l’argent aux fans.
Certains parlent de stratégie commerciale, d’image construite, d’un artiste entre authenticité et marketing.
Son ascension fulgurante soulève des débats : que vaut la reconnaissance artistique à l’ère du buzz et des réseaux ?
Malgré tout, Aboudia inspire : il a su transformer la douleur en art, le chaos en couleur, le silence en cri.
Bon anniversaire Aboudia ! Que tes couleurs continuent de secouer les murs du monde avec la force des môgôs d’Abidjan.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
