Le boom des véhicules électriques propulse la demande mondiale en terres rares, devenues essentielles pour concevoir les moteurs du futur.
1. Terres rares : des métaux discrets devenus stratégiques
Les terres rares regroupent dix-sept éléments chimiques précieux utilisés dans les technologies de pointe, des batteries aux missiles en passant par les écrans.
Quinze d’entre eux sont des lanthanides, les deux autres – scandium et yttrium – leur sont chimiquement et industriellement associés aujourd’hui.
Malgré leur nom, ces métaux ne sont pas tous rares : c’est leur extraction propre et efficace qui reste coûteuse et difficile.
Ils interviennent dans de nombreuses innovations énergétiques, technologiques, militaires et médicales, jouant un rôle clé dans les chaînes industrielles mondiales.
Leur importance géopolitique croît fortement, car ils sont indispensables aux transitions numériques, militaires, écologiques et industrielles des grandes puissances économiques.
2. Pourquoi les moteurs électriques raffolent des terres rares ?
Parmi les quatre grandes catégories de moteurs électriques, deux utilisent des aimants en terres rares : PMSM et moteurs à flux axial.
Les moteurs PMSM (à aimants permanents) dominent le marché grâce à leur efficacité, leur couple élevé et leur compacité structurelle éprouvée.
Ces moteurs utilisent principalement des aimants NdFeB (néodyme-fer-bore), renforcés par du dysprosium ou terbium pour résister à la chaleur.
En 2024, plus de 86 % des véhicules électriques utilisaient un moteur nécessitant l’emploi de terres rares dans sa fabrication.
Même les moteurs à induction ou à excitation électrique, moins performants, ne parviennent pas à détrôner les moteurs à aimants permanents.
3. Quelle est la demande actuelle en terres rares ?
En 2022, la demande annuelle mondiale liée aux moteurs atteignait 19 kilotonnes, avec une croissance rapide les années suivantes.
En 2023, elle a bondi à 28 kilotonnes, portée par l’explosion des ventes de véhicules électriques sur tous les continents.
Et en 2024, ce chiffre atteint 37 kilotonnes, consolidant l’importance stratégique du néodyme, du dysprosium et du terbium.
Pour 2025, les projections établissent une demande de 43 kilotonnes, confirmant une croissance soutenue et structurelle de ce marché émergent.
4. Les perspectives : une trajectoire de croissance durable
Même si certains constructeurs tentent de limiter les aimants, la performance des moteurs PMSM perpétue la dépendance aux terres rares.
Les alternatives sans aimant progressent, mais restent marginales face aux avantages techniques et économiques des moteurs à aimants permanents.
Avec la généralisation du véhicule électrique, la demande en néodyme, dysprosium et terbium devrait rester solide durant la prochaine décennie.
La chaîne d’approvisionnement sera scrutée de près, les tensions géopolitiques pouvant fragiliser l’accès aux sources fiables de terres rares.
5. Ce qu’il faut retenir de cette dynamique industrielle
La révolution électrique dépend étroitement des terres rares, en particulier pour les moteurs haute performance utilisés dans l’automobile mondiale.
La demande en terres rares pour les moteurs électriques a connu une croissance annuelle moyenne de plus de 30 % depuis 2022.
Trois métaux clés soutiennent cette demande stratégique : le néodyme pour l’aimantation, le dysprosium et le terbium pour la résistance thermique.
Les moteurs PMSM continueront de dominer le marché, rendant toute stratégie industrielle dépendante d’un approvisionnement sécurisé en terres rares.
CAMUS BOMISSO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
