Guikahué, le coup de poignard malgré tout.

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Sur le chemin du grand objectif que s’est fixé la Nation, Tidjane Thiam mène, sans nul doute, un combat difficile — mais fondamentalement juste.

Comme tout homme public, il peut commettre des erreurs. Mais de là à lui contester sa nationalité et le retirer de la liste électorale cela dépasse les lignes du débat politique pour s’inscrire dans une dérive grave et inquiétante.

On peut lui reprocher bien des choses, lui imputer bien des fautes. Mais comment nier à Thiam son identité ivoirienne ? Comment oublier ce qu’il représente pour la Côte d’Ivoire sur la scène internationale ? Un homme dont la trajectoire a fait honneur à son pays. L’attaquer sur ce terrain, c’est franchir une ligne rouge.

Pendant que cette bataille violente et ciblée se déroule autour de sa nationalité, Maurice Kakou Guikahué, conseiller politique de Thiam, est resté muet. Aucun mot, aucun soutien explicite, même lorsque les accusations les plus graves se sont abattues sur lui.

À l’exception d’un meeting à Aboisso, son apparition reste sans impact réel. Soubré, son point d’entrée politique aux côtés de Thiam, aurait pu être le théâtre d’un appui clair. Mais il n’en a rien été. Et c’est au moment le plus critique, quand Thiam est écarté de la liste électorale, empêché d’être électeur, disqualifié de toute candidature. Au moment où le Pdci est sous la menace d’une mise sous tutelle que Guikahué choisit de démissionner.

Au regard de sa stature et de son parcours, cette décision ressemble plus à un coup de grâce qu’à un simple acte de désaccord politique. Véritable coup de poignard.

On est, par conséquent, en droit de douter du bien-fondé de cette démission qualifiée de « noble » par certains.

Beaucoup dans la population y voient un abandon, un glaive venu de l’intérieur.

Et c’est là que réside peut-être le vrai drame : l’adversaire principal de Thiam semble être son propre camp. Valérie Yapo, Jean-Louis Billon. Et maintenant Maurice Guikahué qui reprend tous les arguments, tout le narratif de Yapo…

Le silence, les critiques voilées, les défections stratégiques : tout cela affaiblit le projet collectif.

La question de la nationalité de Thiam et son retrait de la liste électorale dépassent la personne. La Côte d’Ivoire pourra-t-elle sérieusement convaincre le monde, et même ses propres enfants, qu’un homme comme lui ne serait pas ivoirien ? Ni d’être l’électeur, lui descendant de Félix Houphouët-Boigny. Ce doute laissé dans l’opinion publique entachera durablement l’image du pays.

Le régime a bien sûr le droit de défendre ses positions et de mener le combat politique pour son maintien au pouvoir. Mais dans toute bataille, il y a des lois, il y a des règles. Il y a une éthique.

Alors, un peu de finesse, un peu de hauteur, un peu de dignité. Car au-delà des stratégies, des rivalités et des ambitions, certaines blessures politiques laissent des traces profondes pour l’avenir.

ETHAN GNOGBO

photo:dr

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