Monnaie invisible, argent palpable : les sociétés qui embrassent ou résistent à la fin du cash

4 semaines

Entre révolution numérique et attachement culturel, certains pays tournent le dos à l’argent liquide, d’autres y tiennent mordicus. Pourquoi ?

Une ère nouvelle transforme radicalement nos habitudes monétaires : billets et pièces s’effacent face à la montée des paiements numériques fluides.
Dans ce monde fragmenté, certains pays ont quasiment éliminé l’usage du cash, d’autres résistent en raison d’habitudes, défis ou convictions profondes.
Comprendre cette transition inégale, c’est décoder les tensions entre innovation technologique, accessibilité économique, culture sociale et liberté individuelle.

Là où le cash devient rare : quand la technologie remplace les pièces

La Suède est en tête du mouvement vers une société sans espèces, les paiements en liquide y deviennent pratiquement inexistants désormais.
Plus de 98 % des transactions suédoises sont électroniques, grâce à Swish, une application mobile soutenue par les principales banques nationales.
Le gouvernement suédois expérimente l’e-krona, une monnaie numérique officielle qui pourrait définitivement enterrer le billet physique d’ici quelques années.
Même les musiciens de rue et les églises refusent le cash : une dématérialisation totale de la vie quotidienne devient la norme.

En Chine, les grandes villes sont devenues vitrines d’une économie dématérialisée fondée sur WeChat Pay et Alipay, omniprésents dans toutes sphères.
Les codes QR y sont plus communs que la monnaie papier, utilisés aussi bien chez Louis Vuitton que dans les échoppes locales.
Avec plus de 90 % de transactions numériques en zone urbaine, la Chine devient laboratoire d’une économie ultra-connectée sans billets.

La Finlande, pays discret, affiche l’un des plus forts taux de paiements sans contact, même les taxis et marchés préfèrent le digital.
Les jeunes Finlandais peuvent passer plusieurs mois sans utiliser d’argent physique, habitués à vivre via applications et cartes sans contact.

Aux États-Unis, le cash recule mais résiste : 55 % des transactions sont numériques, bien que l’attachement culturel au liquide demeure.

Les implications dans les sociétés à faible usage de cash

La disparition du cash modifie la géographie du commerce, obligeant les entreprises à s’adapter à une clientèle 100 % numérique.
Les risques de braquages physiques diminuent, mais les menaces de cybercriminalité augmentent fortement, rendant la cybersécurité indispensable aux citoyens.
Les paiements numériques facilitent la traçabilité financière, réduisent l’économie informelle et accroissent la transparence des flux économiques nationaux.
Cependant, les personnes âgées ou non connectées risquent d’être exclues d’un système de plus en plus exigeant technologiquement.
Les fintechs, les plateformes d’investissement crypto et les monnaies numériques de banques centrales (MNBC) deviennent des secteurs stratégiques à surveiller.
Pour les investisseurs, les pays numérisés sont des terrains propices à l’innovation financière et à l’expansion des technologies bancaires intelligentes.

Là où l’argent liquide reste roi : résistance au changement ou nécessité ?

En Allemagne, plus de 50 % des paiements se font encore en liquide, signe d’un attachement à la confidentialité et au contrôle.
Beaucoup d’Allemands préfèrent éviter les paiements numériques par peur du suivi bancaire et de la perte de liberté financière.

Au Japon, la culture privilégie le cash pour des raisons d’honneur, de fiabilité perçue et de traditions profondément ancrées socialement.
Malgré son image technologique, le Japon reste une société majoritairement en cash, avec 73 % de transactions encore en espèces.

L’Inde alterne entre deux mondes : les métropoles adoptent UPI et paiements mobiles, mais les campagnes restent fidèles aux espèces.
L’économie indienne est hybride : 45 % des paiements sont numériques, mais l’essentiel de la vie quotidienne passe encore par le cash.

Au Mexique et en Égypte, l’usage du cash reste majoritaire en raison d’un faible accès bancaire et d’une forte informalité économique.

Les implications dans les économies où le cash domine encore

La prévalence du cash limite la traçabilité financière, encourage les économies informelles et rend difficile la fiscalisation équitable des revenus.
Elle protège néanmoins la vie privée, élément crucial dans des pays où la surveillance numérique suscite des inquiétudes légitimes.
Les inégalités numériques s’accentuent lorsque seuls certains groupes accèdent aux paiements électroniques, rendant l’inclusion financière difficilement universelle.
Les entreprises doivent adapter leur stratégie en fonction des préférences locales : certaines régions exigent encore une forte présence d’espèces.
Les expatriés doivent comprendre les réalités locales : en Allemagne ou au Japon, vivre sans cash est difficilement envisageable au quotidien.

Comparatif express : transactions hors cash par pays (sources officielles)

  • Suède : 98 % hors cash

  • Chine : 90 % hors cash

  • Corée du Sud : 82 % hors cash

  • États-Unis : 55 % hors cash

  • Inde : 45 % hors cash

  • Nigéria : 25 % hors cash

Comparatif express : transactions en cash par pays (sources officielles)

  • Japon : 73 % en cash

  • Égypte : 64 % en cash

  • Mexique : 60 % en cash

  • Allemagne : 51 % en cash

  • États-Unis : 45 % en cash

  • Inde : 25 % en cash

A chacun son rythme, à chacun son cash

Le cash n’est ni obsolète ni universel : il s’efface chez certains, résiste ailleurs, révélant des enjeux aussi culturels qu’économiques.
La dématérialisation monétaire redessine les équilibres du monde : inclusion, cybersécurité, souveraineté financière et inégalités numériques sont au cœur des débats

CAMUS BOMISSO

photo:dr

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