À quelques jours de l’élection présidentielle, les programmes des candidats restent introuvables. Un silence révélateur qui en dit long sur la place des idées dans la campagne.
Ils sont difficiles d’accès, presque invisibles : les programmes des candidats à la présidentielle. Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils sont jugés moins importants qu’une affiche, qu’un tee-shirt de campagne, ou même qu’un humoriste en tournée politique.
Dans un pays encore largement frappé par l’analphabétisme, cela pourrait s’expliquer en partie. Mais pas totalement. Car même les électeurs lettrés, curieux ou engagés ont du mal à mettre la main sur des documents clairs, cohérents et accessibles.
Le programme d’Alassane Ouattara semble disponible, du moins dans ses grandes lignes.
À part lui ? Rien ou presque. Aucun texte distribué massivement, peu de conférences thématiques, pas de débat de fond entre les candidats.
Ce vide interroge. Il traduit un certain mépris pour le débat d’idées et révèle une conception très superficielle de la politique. Les campagnes sont devenues des démonstrations de force logistique et financière, bien plus que des confrontations de visions pour l’avenir du pays.
Ce déficit de contenu empêche l’électeur de voter en connaissance de cause. Il renforce le vote identitaire, affectif ou clientéliste. Rend les promesses floues, donc impossibles à évaluer ou à demander des comptes plus tard.
Il ne s’agit pas de l’avoir écrit ou rédigé. Mais de le mettre à disposition de ceux qui votent, de le partager, de le distribuer en lieu et place des achats de conscience.
En refusant de débattre sur les programmes, les candidats refusent aussi, quelque part, d’être liés par un contrat politique clair avec les électeurs.
Cela en dit long sur la conception du pouvoir et sur le rapport entre élus et citoyens. Une démocratie sans idées est une démocratie amputée.
TAMA CESAR
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
