Disparu le 19 octobre 1998, Georges Djéni Kobina Kouamé reste une figure majeure de la Côte d’Ivoire intellectuelle, syndicale et politique.
Visionnaire, courageux, parfois incompris, il a marqué l’histoire. Vingt-sept ans après sa mort, son héritage interroge.
Le 19 octobre 1998, la Côte d’Ivoire perdait un homme droit, libre et profondément attaché à la justice sociale.
Georges Djéni Kobina Kouamé était un intellectuel engagé, forgé par le savoir, la rigueur et les combats pour l’émancipation des siens.
De Gagnoa à Grand-Bassam, ses racines n’zima nourrissaient son sens du devoir, du dialogue et de la solidarité africaine.
Instituteur, proviseur, directeur de cabinet, il servit l’État sans jamais renoncer à ses principes de vérité et d’équité.

Fondateur du Synesci, il osa défier le régime en place, dénonçant les abus, défendant les enseignants avec courage et fermeté.
Son engagement lui valut la prison, puis un enrôlement forcé dans l’armée, où il affronta l’épreuve sans plier, ni fuir.
Au sein du PDCI-RDA, il porta la voix des réformateurs, militant pour un renouvellement interne et une démocratie plus ouverte.
En 1994, exclu du débat, il tourne le dos au PDCI et fonde le Rassemblement des Républicains (RDR).
Avec rigueur, il structure le RDR autour d’un idéal : justice, responsabilité, liberté politique et respect de la parole donnée.
Élu secrétaire général du RDR en juillet 1995, il en devient l’architecte politique, le moteur idéologique et l’âme organisatrice.
Son franc-parler, sa droiture et sa vision nationale lui ont valu respect, adversité, admiration et parfois une profonde solitude.
Le 19 octobre 1998, sa disparition brutale laisse un vide dans la classe politique ivoirienne, et une génération orpheline.
Djeni n’a jamais été un homme de compromis facile, ni de promesses vides : il prônait une politique de conviction.
Il croyait en l’éducation comme arme contre la domination, en la parole libre comme antidote à la soumission politique.
Ce 19 octobre, c’est le souvenir d’un homme debout que la Côte d’Ivoire se doit d’honorer dignement.
Il n’a pas connu l’alternance, ni la démocratie apaisée qu’il appelait de ses vœux dans ses discours les plus forts.
Mais il aura semé l’idée que la loyauté ne doit jamais primer sur la vérité ni sur la justice sociale.
Georges Djéni Kobina Kouamé reste une voix qu’on n’a pas assez écoutée, mais qu’il serait urgent de réentendre aujourd’hui.
Le 19 octobre, souvenons-nous de lui non pas dans la douleur, mais dans le courage et la lucidité de ses combats.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
