Dans une sortie sans détour, Jean-Louis Billon s’interroge sur l’impréparation autour de la candidature présidentielle du PDCI. Entre critiques sur l’entourage du candidat et plaidoyer pour une stratégie alternative, l’ancien ministre appelle à plus de sérieux et de lucidité politique. Il fait entendre une candidature personnelle.
« Le PDCI n’a, à ce jour, pas de candidat. Pourquoi ? Parce que le candidat désigné de manière rocambolesque n’a pas été retenu. Il n’a pas été validé, ni sur le plan administratif, ni sur le plan légal. Cela révèle un manque flagrant de préparation, d’anticipation — mais aussi, il faut le dire, une faute d’entourage.
Quand on aspire à la magistrature suprême, il est impératif d’analyser chaque détail du contexte. D’anticiper toutes les exigences légales. Il ne suffit pas de vouloir ; encore faut-il pouvoir. Le cas de la double nationalité est connu de tous : l’article 48 du Code électoral s’applique. Et tout acteur politique sérieux devrait en tenir compte. Se faire piéger sur une disposition aussi connue, c’est inacceptable — surtout pas dans un parti comme le PDCI.
Alors, faut-il en vouloir au candidat lui-même ou à ceux qui l’ont encadré ?
Moi, je parle d’impréparation. C’est un échec collectif. Mais ce n’est pas un mal de reconnaître une erreur stratégique. Ce qui serait grave, c’est de refuser de la corriger.
Quand j’entends certains dire qu’ils n’ont pas de plan B, je m’inquiète. Un homme d’affaires, un général, un dirigeant sans plan B… c’est une marche assurée vers l’échec. Personnellement, j’ai toujours un plan A, un plan B, un plan C — et même un plan D. Je prépare chaque scénario possible. Car la politique ne pardonne pas l’improvisation.
Soyons honnêtes : de nombreux cadres au sein du parti ne sont pas heureux de ce qu’ils observent. Ils voient bien que la direction actuelle mène le PDCI droit dans le mur. Ils murmurent. Et ils attendent. Mais la majorité silencieuse ne restera pas muette éternellement.
S’ils choisissent de me soutenir, ce sera tant mieux. Mais s’ils ne le font pas, je continuerai. Et je gagnerai. Car ceux qui m’entourent, eux, viennent aussi du PDCI. Ce sont des militants sincères. Si le PDCI refuse de porter ma candidature, j’irai quand même. Je tracerai ma route. Quoi qu’il advienne.
Aujourd’hui, on assiste à une théâtralisation de la politique. Les acteurs sont devenus des showmen, présents sur les plateaux télé pour divertir, pas pour convaincre. Mais les Ivoiriens attendent autre chose : des solutions concrètes pour leurs vies. Ils veulent qu’on parle de santé, d’éducation, d’emplois, de pouvoir d’achat. Pas de buzz médiatique.
Il est temps de revenir à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de redonner de la dignité au débat politique. »
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE