Ce vendredi, une route récemment rénovée a une fois encore plongé des familles dans le deuil, sur fond de défaillance mécanique.
Il était un peu plus de dix-sept heures lorsque la route a craché ses dents de fer sur deux motocyclistes.
Stationnés calmement en bordure, ils n’imaginaient pas que la mort, pressée, viendrait sous la forme d’un car en déroute.
Le véhicule lancé depuis Abidjan, dépourvu de plaque d’immatriculation, n’a pu freiner ; un drame s’est écrit en une seconde.
La violence du choc ne leur a laissé aucune chance : les corps furent projetés, les vies brutalement arrachées au présent.
Le conducteur, pris de panique ou de conscience, s’est lui-même rendu à la brigade pour expliquer l’irréparable, sous le choc.
Il s’agirait, selon les premières constatations, d’un incident mécanique lié au freinage, cause fréquente sur cette route récemment modernisée.
L’axe Daoukro – Ouellé – Prikro, malgré son bitume neuf, semble condamné à devenir le théâtre régulier d’adieux précipités.
Des familles, ailleurs, attendaient ces deux hommes, sans se douter qu’ils ne franchiraient jamais les derniers virages de leur trajet.
L’un d’eux a pu être identifié, jeune homme de vingt-huit ans, l’autre reste un visage sans nom à ce jour.
Les gendarmes présents sur les lieux ont dressé les premiers constats, ouverts une enquête et sécurisé la zone maculée de douleur.
Ce drame relance la question de la sécurité routière sur les voies rénovées, souvent rapides mais peu régulées, mal surveillées.
Des conducteurs roulent sans immatriculation, parfois sans entretien sérieux, sur des routes trop libres, devenues des couloirs de passage vers l’oubli.
L’état déplore les morts, mais les mesures concrètes tardent, alors que les drames se succèdent avec la même mécanique cruelle.
À Ouellé, ce vendredi, le soleil est tombé plus tôt que prévu, emportant deux vies sans bruit, sans dernière chance.
Ce n’était pas un accident spectaculaire, mais c’était un effondrement silencieux pour deux familles, deux communautés, deux futurs avortés d’un coup.
L’émotion reste vive dans la région, les habitants partagés entre douleur, colère et impuissance face à une route devenue trop meurtrière.
Une fois encore, le goudron a été complice d’un drame, quand le progrès ne suit pas la rigueur de sécurité.
Le nom de la route change, son revêtement brille, mais les destins s’y brisent toujours avec une régularité glaçante et tragique.
Chaque accident rappelle que sur ces axes rapides, la vie ne tient parfois qu’à un frein, un boulon, une seconde.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE