Ce 10 juin, Claire Kehoua Bailly célèbre une nouvelle année de vie, marquée désormais par la paix retrouvée.
Née à Daloa en 1984, elle portait déjà le feu, cette étincelle de scène que rien ne pouvait éteindre.
Huitième d’une fratrie nombreuse, Claire a appris très tôt à se battre, à séduire, à s’imposer dans le chaos.
Sa beauté l’a poussée vers Miss Côte d’Ivoire ; son tempérament, vers la scène ; sa foi, vers l’Éternel.
Elle fut danseuse, chanteuse, boucantière, étoile filante d’un mouvement bruyant, intense, né dans les rues d’Abidjan au début des années 2000.
Son nom faisait danser les foules, ses clips faisaient parler la rue, ses pas électrisaient les scènes populaires africaines.
L’ex de Milano, producteur adulé, elle avait tout pour rester reine d’un empire sonore aux lois parfois cruelles.
Mais l’amour du monde a ses prix, ses pièges, ses nuits sans repos, ses jours à l’âme vide.
Soum Bill a ravi son cœur à Milano, l’histoire fut bruyante, mais Claire ne s’est pas effondrée longtemps.
Elle a connu les errances, les relations pour survivre, les loyers à honorer dans l’ombre, les silences qui accusent.
Mais au fond du gouffre, la lumière l’attendait.
Claire n’a pas sombré : elle s’est relevée, transfigurée, appelée.
Elle a tout quitté : les sons tapageurs, les podiums, les nuits frénétiques, les projecteurs pour la lumière plus intime de Dieu.
Aujourd’hui, c’est en pasteure consacrée qu’elle parle, qu’elle chante, qu’elle prêche : non plus pour séduire, mais pour sauver.
À Yopougon, quartier millionnaire, elle a reçu l’onction, devant des fidèles émus, devant des amis presque méconnaissables.
D’ancienne reine de boucan, elle devient servante de gloire ; de bête de scène, elle devient femme de Parole.
Son fils Himra incarne la relève, un artiste en devenir, avec un soupçon d’Arafat DJ dans la voix.
Un regard, un cri, une gestuelle — et c’est comme si l’esprit du Daïshi dansait encore, juste un instant.
Claire n’a rien oublié : ni le bruit, ni les blessures, ni la gloire — mais elle a tout offert.
Elle est aujourd’hui un témoignage vivant, une voix qui rassure les perdus, une lumière dans les ruelles les plus sombres.
Son sourire a changé, plus doux, plus intérieur. Ses paroles portent désormais un poids qu’aucun tube ne pourra contenir.
Elle prêche avec passion, chante avec feu, prie avec puissance. Claire Bahi n’a pas disparu : elle est renée.
Et nous, témoins de cette mue rare, rendons grâce aujourd’hui pour sa vie, pour sa paix, pour son appel.
Suave anniversaire, Claire Bahi. Que le Très-Haut continue de te guider, de t’élever, de t’utiliser pour Sa gloire et Sa lumière.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
