Aujourd’hui, 2 juin, cela fait vingt-trois ans que Tangara nous a quittés. Vingt-trois années de silence, de souvenirs, de musique suspendue.
Avant de partir, il avait déjà commencé à s’éteindre. Plus d’un an sans parler, sans reconnaître les siens, perdu dans un monde intérieur. Là bas chez lui à Abobo.
Et pourtant, tout avait commencé avec une lumière : le 12 avril, jour de sa naissance — une date partagée avec Tiburce.
Ce jour-là, comme un présage, il avait commencé à offrir des signes. La musique, déjà, semblait vouloir le guider, le porter.
Fils d’Adama et de Zaglo, une jeune femme de Béoumi, il était l’aîné d’une fratrie à laquelle il tenait profondément.
Tangara a laissé à la postérité trois albums : Show Biz Ti Requin, Temps et Lumière et Esprits, ce dernier produit par Séry Sylvain.
Avant sa carrière solo, il avait travaillé comme régisseur pour le groupe Woya, où il noue des liens solides et fraternels.
Il s’y lie notamment à Amédée Koko, le manager du groupe.
Et à Franck Amblard, ingénieur du son et des lumières.
Quand le groupe se disloque, Tangara, porté par ces amitiés fidèles, se lance et sort Show Biz Ti Requin — un succès fulgurant.
Sa musique était différente. Singulière. Engagée. Tangara ne chantait pas comme les autres : il imposait le râle, le cri, la fureur.
Sa voix n’était pas mélodieuse, elle était puissante, brute, habitée. C’était un cri de colère devenu mélodie. Une blessure devenue art.
L’originalité de son style, la vérité de son expression, laissaient peu de place à l’indifférence. Il dérangeait, il touchait, il marquait.
Aujourd’hui, vingt-trois ans après son départ, son absence reste lourde, mais sa trace est toujours là, indélébile, dans nos mémoires.
Tangara n’est plus, mais sa voix résonne encore, dans les cœurs de ceux qu’il a aimés, dans les rues, dans la musique.
Et si le silence a fini par l’emporter, il n’a jamais fait taire l’écho de ce qu’il a été.
AK
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE