Fête du travail, Pacôme Attaby: « il faut un rééquilibrage équitable des primes »

3 semaines

 

FÊTE DU TRAVAIL 1er MAI 2025, ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CENTRALE ESPOIR(CSE), Attaby Pacome

 

 Honorables membres du Gouvernement,

Présidents d’institutions,

Chers responsables locaux de l’OIT,

Chers responsables des partis politiques,

Le patronat ivoirien,

Camarades travailleuses et travailleurs,

Chères populations ivoiriennes,

La commémoration de la Fête du Travail demeure un moment emblématique pour l’humanité entière.

Elle symbolise les luttes et les conquêtes sociales du monde ouvrier, gravées dans l’histoire sociale de toutes les nations.

Aujourd’hui 1er Mai 2025,  au nom de la Confédération Syndicale Espoir de Côte d’Ivoire(CSE), nous nous adressons aux autorités de l’État, aux représentants locaux du Bureau International du Travail (BIT), au Patronat ivoirien, aux travailleurs et travailleuses de notre pays, ainsi qu’à l’opinion publique nationale et internationale.

Sur le plan international : Une humanité dans la mauvaise direction

Les politiques impérialistes, en quête perpétuelle de domination, conduisent inexorablement l’humanité vers le précipice.

Face à l’érosion de leur hégémonie mondiale, les Gouvernements impérialistes,  se servent des médias à la solde de leur propagande pour manipuler, dans un ultime sursaut de puissance, leurs propres peuples pour les entraîner, à pas forcés, vers l’abîme d’une guerre aux conséquences incalculables.

Nous, CSE, proclamons haut et fort :

« Les peuples aspirent à la paix et à la prospérité, non à la guerre vecteur de misère ! »

La CSE dit, plutôt que d’accroître les budgets militaires,  les Gouvernements doivent investir dans les services sociaux, améliorer les salaires et de garantir aux travailleurs une retraite digne et sécurisée.

Sur le plan national : Préserver la paix sociale

Même si aucun pays ne menace la Côte d’Ivoire de guerre, la stabilité interne demeure préoccupante à l’approche de l’élection présidentielle prévue dans six mois.

Les tensions juridico-politiques engendrées par la Commission Électorale Indépendante (CEI) risquent de plonger notre pays dans une période de fortes turbulences.

Les crises postélectorales de 2010 et 2020, marquées par des pertes en vies humaines et des disparitions tragiques, restent profondément ancrées dans la mémoire collective ivoirienne.

La CSE exhorte donc les partis politiques à prendre pleinement conscience de leur responsabilité historique dans l’élection présidentielle à venir.

La CSE, dans une dynamique de sauvegarde de la paix, voudrait particulièrement s’adresser au Gouvernement qui détient la puissance publique pour lui demander de prendre de la hauteur afin de garantir aux ivoiriennes et ivoiriens un scrutin inclusif, transparent, pacifique et sécurisé, préservant ainsi la vie de chaque citoyen et en particulier celles des travailleuses et travailleurs.

Sur le plan social : Des avancées insuffisantes

La Centrale Espoir(CSE) salue les efforts gouvernementaux visant à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. Pour rappel, le Gouvernement à :

  • dans le secteur public
  • Rehaussé l’allocation familiale de 2 500 FCFA à 7 500 FCFA par enfant :
  • Relevé puis généralisé l’indemnité forfaitaire contributive au logement ;
  • Bonifié la prime de transport de 5 000 FCFA à 10000 FCFA, 15 000 FCFA voire 20 000 FCFA selon les localités.

 

  • Pour le secteur privé
  • Augmenté le SMIG de 60 000 FCFA à 75 000 FCFA

Cependant, ces mesures sont loin d’avoir impacté le pouvoir d’achat des ivoiriens : la vie reste chère et les conditions de vie des populations continuent de se dégrader.

En effet, le SMIG à 75 000 FCFA est dérisoire. Il ne permet pas à un travailleur de se loger dignement, d’assurer la pitance quotidienne à son ménage, de scolariser ses enfants, de soigner les siens et d’épargner.

 

La CSE appelle depuis à une revalorisation conséquente du SMIG et à l’augmentation de l’Indice Référentiel de Base (IRB) à 500 points pour les Fonctionnaires.

Aussi, les disparités criantes dans les rémunérations des Agents de l’État constituent-elles une source de tensions sociales. Tandis que certains bénéficient de traitements généreux, d’autres, par la faiblesse de leur traitement, peinent à assurer une subsistance décente.

 La CSE réitère son appel à un rééquilibrage équitable du système de primes.

LE FAIRE : C’EST CORRIGER UNE INJUSTICE SOCIALE  CRIANTE DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE.

Inspection du Travail : Entre probité et complaisance

Malgré l’existence d’un Code du Travail qui protège les travailleurs, son application reste entravée par l’attitude de certains Inspecteurs du Travail qui, par complaisance ou connivence, favorisent les employeurs au dépens de salariés.

La CSE salue les Inspecteurs du Travail intègres qui remplissent leur mission avec honneur et conscience professionnelle.

Toutefois, il est inacceptable que certains, au mépris de leur serment, trahissent la cause qu’ils sont censés défendre.

Si ces pratiques persistent notamment à l’Inspection du Travail de Yopougon 1, la CSE tiendra bientôt une conférence de presse pour dénoncer publiquement les comportements répréhensibles observés de façon récurrente dans cette inspection.

Liberté syndicale : La répression des droits ; une inquiétude persistante en Côte d’Ivoire

La violation du droit syndical en Côte d’Ivoire atteint un niveau critique tant dans l’administration publique que dans les entreprises privées. Les cas plus marquants dans le secteur public sont :

  • L’action policière menée, le 05 Mrs 2025, contre l’Assemblée Générale(AG) des enseignants au sein de la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan Plateau. Des enseignants ont été empêché, par la Police, de tenir leur AG et trente-et-six (36) d’entre eux ont été embarqués dans des cargos pour la Préfecture de Police d’Abidjan ;
  • Des demandes d’explication ont été données, en décembre 2024, à vingt-six (26) leaders syndicaux nationaux et locaux afin qu’ils s’expliquent sur leur participation à une grève;
  • De nombreux leaders syndicaux arrêtés puis jetés dans des prisons du pays juste pour casser la grève des enseignants notamment à Korhogo, Bouaflé, Bouaké et Abidjan…

Au regard du tableau ci-dessus, la Confédération Syndicale Espoir (CSE) reste inquiète quant à l’avenir du libre exercice du droit syndical en Côte d’Ivoire et s’interroge sur le lien entre ces répressions brutales et la trêve sociale conclue par certaines organisations syndicales et le Gouvernement.

Dans les entreprises privées, de nombreuses administrations piétinent ostentatoirement le droit syndical avec la complicité sournoise de certains Inspecteurs du Travail. Les licenciements abusifs de nos frères et sœurs y sont fréquentes toujours avec la complicité de certains Inspecteurs du Travail.

 

Face à ces abus, la CSE voudrait attirer l’attention des représentants locaux du BIT, d’ACTRAV et de Friedrich-Ebert-Stiftung mais aussi des organisations syndicales mondiales notamment, la CSI, la FSM, l’Internationale de l’Education etc.

 

Au Ministère de la Santé : Des mesures à rectifier

 

  • Aides-soignantes et Auxiliaires en formation à l’INFAS

Conformément au Décret n°2016-1141 du 21 décembre 2016, des Aides-Soignants admis en 2023 aux concours professionnels et ceux recrutés par concours direct en 2025 doivent être formées dans des options spécifiques.

Cependant, la décision de l’INFAS, lors de la rentrée académique 2024-2025, de les former sans respect des options prévues constitue une violation des droits acquis. La CSE exige le respect strict du Décret en vigueur.

  • Au titre de la reforme hospitalière

Bien que la réforme hospitalière progresse, l’absence de décrets sur la motivation financière des agents de santé entrave leur engagement.

La CSE invite le Ministère de la Santé à accélérer ces mesures pour garantir des soins de qualité et valoriser le personnel.

 

Phénomènes généraux à traiter

Sur le plan général : quelques phénomènes à traiter

  • Au titre de la sécurité routière

L’intégration de la vidéo surveillance dans la circulation routière a permis la réduction des accidents de la route et la criminalité.

La CSE salue cette reforme routière et encourage, les Ministères impliqués, à la rendre plus efficiente.

Cependant, le manque de synchronisation dans le système de paiement des infractions aux guichets  fixes et aux guichets des patrouilles mobiles crée d’énormes désagréments aux usagers. Il est impératif de corriger cette défaillance.

  • Au titre de l’émigration des ivoiriens

 

De nombreux jeunes ivoiriens tentent, chaque année de rejoindre l’Europe par des canaux irréguliers et dangereux. Les statistiques officielles de ce fléau classe notre pays au troisième rang en Afrique de l’ouest et centrale.

Au niveau des travailleurs, les ivoiriens diplômés et qualifiés sont nombreux à laisser leur emplois pour d’autres horizons mieux rémunérant. La destination actuelle la plus prisée demeure le Canada.

En effet, les principaux déterminants de l’émigration clandestine sont l’accentuation du sous-emploi, l’accroissement de la pauvreté, la généralisation du chômage, la précarité et la faible rémunération du travail.

A cela, s’ajoutent l’inadaptation de la formation scolaire au monde du travail et l’échec scolaire qui incitent beaucoup de jeunes diplômés et de sans emploi à partir, sans occulter la crise de l’agriculture due au manque de matériel agricole performant, la faible productivité du travail agri2cole, le renchérissement des prix des intrants et la dépréciation des matières premières qui ne laisse aucune possibilité d’épanouissement aux jeunes. Du côté des travailleurs qualifiés, le bas niveau des salaires les pousse à s’expatrier à la recherche de meilleures conditions de vie.  Car, comme le disait Alfred Sauvy « si les richesses ne vont pas vers les hommes, alors les hommes iront naturellement vers les richesses ».

La CSE, pour freiner le phénomène de la migration clandestine, appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures urgentes visant à  promouvoir :

  • la stabilité durable du pays ;
  • l’éducation de qualité adaptée au marché de l’emploi;
  • la bonne gouvernance et la lutte concrète contre la corruption endémique;
  • les possibilités d’emplois bien rémunérés;
  • la répartition équitable des ressources du pays aux travailleurs;
  • l’instauration d’un système performant de sécurité sociale.

Bonne fête de travail à toute et à tous !

Je vous remercie.

 

Pacôme ATTABY

SGC CSE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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