L’art de la trahison express: Jean Yves Essis confond conviction et convenance

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L’Art de la Trahison Express – ou comment Jean Yves Essis a confondu conviction et convenance

___Par Bakary SAKO, Cadre du PDCI-RDA, Délégation de Plateau-Sud

 

Il existe encore, pour les naïfs et les romantiques de la politique, cette croyance que l’engagement partisan est une affaire de foi, de combat, d’idéal. Pour eux, militer, c’est épouser une cause, traverser les tempêtes, s’indigner sans fuir, construire malgré les failles.

 

La politique, lorsqu’elle est vécue avec sincérité, est de l’ordre du sacré. Elle procède, oui, de la foi. Une foi laïque, peut-être, mais une foi néanmoins : en des idées, en une vision du monde, en des valeurs partagées. Elle implique engagement, fidélité, parfois même sacrifice. On ne quitte pas un tel chemin comme on changerait de chemise. Sauf si la chemise était, depuis longtemps, devenue trop étroite… ou si l’on avait déjà convoité la penderie du voisin.

 

Et puis, il y a ceux pour qui la politique est un ascenseur émotionnel, où l’on monte ou descend selon la température du moment, l’égo flatté ou blessé, les promesses entendues derrière les rideaux. Jean Yves Essis Essoh vient, en ce mois d’avril, d’offrir à la nation entière une masterclass de transhumance éclair, en dix jours chrono. Du PDCI au RHDP, sans transition. Sans recul. Sans décence.

 

Inspecteur Général du PDCI hier, frère d’armes depuis des décennies, il se découvre soudain des élans de sympathie pour le camp qu’il fustigeait encore hier.

Et pourquoi ?

Parce qu’un poste lui a été retiré. Parce qu’un conseiller du Président du Parti a osé remettre en cause sa toute-puissance supposée.

 

La réponse fut immédiate : changer de parti comme on change de cravate, sans même laisser le temps au tissu de refroidir. Une réaction d’amour-propre froissé ? Non, pire : un aveu public d’opportunisme. Car on ne trahit pas vingt ans d’engagement pour une simple « humiliation », sauf si l’on était déjà ailleurs en esprit, en intention, ou en négociation.

 

Alors, peut-on raisonnablement croire en la sincérité de Jean Yves Essis Essoh, Inspecteur Général du PDCI hier, promu chantre du RHDP aujourd’hui ? Cela relève-t-il d’un éclair de lucidité ou d’une vieille connivence longtemps tue ?

La question mérite d’être posée.

Et la réponse est dans la rapidité du retournement, dans le caractère théâtral de l’adhésion. Ce n’est pas une conversion, c’est un transfert de compte bancaire politique. Ce n’est pas un engagement, c’est une relocalisation stratégique. Et pour ceux qui croient encore aux idéaux, ce genre de spectacle est tout simplement indécent.

 

La métaphore amoureuse qui vient  est cruelle… mais d’une vérité désarmante. Une femme qui se remarie le lendemain d’une séparation, après vingt ans de vie commune, ne nous dit peut-être pas tout. Le « nouveau » était sans doute déjà dans l’ombre, parfumé, prêt, sourire en coin, guettant la faille.

 

Et la faille, chez Essis, semble avoir été l’ego meurtri par une destitution sans ménagement. Blessé dans son orgueil, il a préféré brûler le temple plutôt que d’en restaurer l’autel. Mais avait-il encore foi dans ce temple ? S’il l’avait vraiment eue, il aurait protesté, milité, alerté ses compagnons. Il aurait combattu de l’intérieur. Or, il a choisi L’ennemi déclaré. Et ce choix dit tout.

 

Le RHDP, dans sa joie de le recevoir, a-t-il conscience qu’il n’accueille pas un militant… mais un revanchard blessé ? Peut-être que si. Mais en politique, les couteaux recyclés servent rarement à autre chose qu’à découper les parts du gâteau avant d’être remisés.

 

Ceux qui connaissent les couloirs feutrés de la politique savent lire les silences, flairer les arrangements, deviner les compromissions. Le RHDP n’a pas recruté une recrue sincère : il a récupéré un pion de circonstance, aussi jetable que décoratif.

 

Mais l’opinion publique, elle, n’est pas dupe.

Elle observe, elle note, elle juge. Et elle retiendra ceci : quand un homme quitte le navire au premier grain, c’est qu’il n’a jamais vraiment tenu la barre. Jean Yves Essis Essoh n’a pas démissionné. Il a déserté.

 

Et s’il croit que la loyauté s’achète au prix d’un strapontin sous les projecteurs du RHDP, il découvrira tôt ou tard que ceux qui changent de camp selon le vent ne sont jamais vus comme des alliés fiables… mais comme des passagers de fortune, tolérés pour un temps, puis oubliés.

 

Car en politique comme en amour, celui qui épouse le lendemain d’une dispute… était déjà en lune de miel ailleurs.

 

Bakary SAKO

Cadre du PDCI-RDA

Délégation Plateau-Sud

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

 

 

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