Le « je » trouble d’Emmou Sylvestre

2 mois

Lors de l’inauguration de l’échangeur Akwaba, Emmou Sylvestre a salué les nombreuses initiatives lancées sous la présidence de Ouattara

Telles que le « Parc des expositions » et la ligne de métro en voie d’achèvement. Ces projets, selon lui, apportent un réel soulagement aux automobilistes. Ils améliorent la mobilité des voyageurs et contribuent à l’embellissement de la commune. « Ce projet est favorablement accueilli« , a-t-il d’ailleurs souligné, mettant en avant les réalisations tangibles du gouvernement actuel.

La posture d’Emou Sylvestre, à la fois louant les réalisations du Président Alassane Ouattara quand c’est à Port-Bouet. Tout en demandant son départ, devant un public autre, soulève effectivement des questions sur la logique et la cohérence de son discours.

Cependant, cette attitude peut être justifiée par plusieurs facteurs propres aux dynamiques politiques ivoiriennes. Où les stratégies de campagne et les alliances fluctuantes jouent un rôle central.

Cependant, et c’est là où réside la contradiction apparente, Emmou Sylvestre, en sa qualité de directeur de campagne de Tidjane Thiam, n’a pas hésité, à d’autres tribunes, à exprimer sa volonté de voir Alassane Ouattara quitter le pouvoir.

Dr Emmou réclame la gestion de ces acquis du Rhdp. Et l’argent de cette gestion sera usité pour soulager les comptes du Pdci. Exactement comme font les élus Rhdp dont Dr Emmou dénonce justement la gestion. Pourquoi les remplacer si c’est pour faire la même chose?

Quand il s’adresse à d’autres Ivoiriens.

Cette demande, en dépit de l’éloge qu’il a fait des actions du président sortant, illustre une posture stratégique plus complexe. En effet, dans le contexte politique ivoirien, il n’est pas rare que les acteurs politiques adoptent un discours public qui oscille entre reconnaissance et opposition.

Affi N’Guessan l’a fait, Blé Goudé, Simone Gbagbo. Cela peut être perçu comme une tactique pour maintenir une certaine crédibilité. Tout en naviguant habilement entre les exigences de leurs alliés et de leurs électeurs.

La justification de cette position contradictoire peut résider dans la logique de « distinguer les actions du président et l’homme politique qu’il représente ». Emmou Sylvestre pourrait estimer que, bien que certains projets du président Ouattara soient bénéfiques pour la population, son maintien au pouvoir n’est plus souhaitable.

Et même, pourrait constituer un frein à l’évolution politique du pays. Ainsi, il pourrait vouloir reconnaître les réussites de Ouattara tout en plaidant pour un changement de direction politique. Afin de garantir un renouveau pour la Côte d’Ivoire, tout en soutenant un autre candidat, comme Tidjane Thiam, pour incarner ce changement.

De plus, dans un environnement politique où les jeux d’alliance et de stratégies électorales sont essentiels, il est courant que des figures publiques adoptent des positions nuancées. Voire contradictoires.

Dans ce cas, saluer les réalisations d’un gouvernement en place peut être vu comme une manière de ne pas totalement s’opposer à l’actuel pouvoir. Tout en préservant l’opportunité de mener une campagne efficace pour la succession. Cela permet également de ne pas aliéner une partie de l’électorat qui apprécie les réalisations actuelles du gouvernement. Tout en revendiquant le changement.

Cette attitude de compromis et d’ambiguïté pourrait ainsi être interprétée comme une nécessité dans un climat politique. Où les postures de l’opposition et de la majorité sont parfois floues. Et où l’objectif est de rassembler différents segments de l’électorat sans perdre de soutien. En d’autres termes, Emou Sylvestre semble vouloir jouer sur plusieurs tableaux à la fois. Reconnaître les avancées tangibles d’un gouvernement.

Tout en appelant à un changement pour l’avenir, en soutien à son candidat.

Enfin, il est important de noter qu’en politique, les discours et les postures peuvent parfois être influencés par la nécessité de jongler avec des alliances temporaires et des réalités tactiques. La Côte d’Ivoire, comme beaucoup d’autres pays, a connu des changements rapides de partis.

D’allégeances et de discours, ce qui fait que les politiques peuvent ne pas toujours suivre une ligne claire. Mais plutôt une dynamique en constante évolution. La phrase des Ivoiriens résume bien cette complexité. Qui dit : « Si on t’explique la politique en Côte d’Ivoire et que tu comprends, c’est qu’on t’a mal expliqué ».

La politique est souvent une question d’interprétation, de stratégies multiples. Et de contradictions qui font partie intégrante du jeu politique. C’est clair dans la tête d’Emmou. Mais pas du tout dans celles des Ivoiriens. En fait dans ce jeu trouble d’Emmou, c’est son « je  » qui apparait.

JULIEN BOUABRE

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

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