Le samedi 1er février à partir de 16h, la Compagnie Debass jouera sa première pièce chorégraphique, Kômian Bonou.
Ce sera au Palais de la culture Bernard Dadié dans la salle Niangoran Porquet. La troupe, basée à Abobo Sogephia, rassemble des enfants et des adolescents de 5 à 24 ans. Kômian, rituel ordalique de la cosmogonie Baoulé, est célèbre grâce une danse cadencée, répétitive et tourbillonnante. Cette danse qu’on exécute avec des pythies en transe, entièrement vêtues de blanc. Lorsqu’on l’exécute fidèlement, elle conserve un charme magnétique dans son ambiance enivrante et spirituellement possessive.
Le jeune chorégraphe Alfred Yao Kouassi, membre de la Compagnie Debass, a réalisé cette première création. Ce spectacle est un défi à la fois artistique et personnel. Alfred est issu de la première génération d’enfants recueillis par Mme Tiemoko Loua Lou Bertine, fondatrice de la troupe. Cette dernière est une ancienne directrice d’école primaire du Groupe Scolaire Habitat d’Abobo. Il y a vingt ans, Mme Tiemoko a recueilli une dizaine d’enfants abandonnés et les a élevés sous son toit. Ancienne danseuse du ballet national dans les années 70, elle a choisi la danse comme moyen d’éducation.
Elle scolarisait, nourrissait et soignait ces enfants avec ses propres ressources.
« De fil en aiguille, on a acheté des tam-tams et formé une troupe », raconte Mme Tiemoko, affectueusement surnommée Mémé Debass. Au fil des années, la troupe a élargi son répertoire. En 2015, les ministères de l’Intérieur et de la Culture ont agréé la Compagnie Debass. Ce statut officiel a permis à la troupe de se structurer légalement.
Pour Alfred Yao Kouassi, cette première création représente un excellent défi, étant sa première performance professionnelle. Mémé Debass se dit fière de voir ses « enfants » évoluer dans le milieu professionnel. Certains sont devenus chorégraphes, d’autres footballeurs. « Ma plus grande fierté est de voir ces enfants se réconcilier avec leurs familles », confie-t-elle. Son rêve est de créer un centre de formation artistique, à l’image de l’EDEC de Rose Marie Guiraud.
Yalamissa Coulibaly, administrateur de la compagnie, souligne que cette représentation est un premier pas vers le MASA 2026. L’objectif est de décrocher des contrats à l’international. La Compagnie Debass, après avoir participé à des projets de référence, prévoit un avenir ambitieux. Elle a été chorégraphe pour La Journée de l’enfant africain de l’ONG Children of Africa, et pour The Voice Africa.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE