À quoi sert le travail aujourd’hui ?
Cette question, anodine en apparence, devient centrale à une époque où les fondements mêmes du travail sont remis en cause. Hier travail et dignité n’étaient pas des choix mais des obligations, inscrites dans un ordre social immuable. Avec l’avènement de la modernité, la révolution industrielle et les idéaux républicains, une société du mérite et du travail a vu le jour. Promettant à l’individu ascension sociale et dignité par l’effort.
Cependant, cette promesse semble aujourd’hui s’effriter. Et la société du travail est en train de disparaître. Le salarié moyen, qui voyait son niveau de vie doubler en quinze ans dans les années 1950-1970, doit désormais attendre quatre-vingts ans pour atteindre le même objectif.
Pire, même les plus aisés, , ne peuvent plus espérer rivaliser avec le patrimoine des héritiers les plus fortunés. Ou des influenceurs simplement
Le travail, censé être moteur de progrès, devient alors un facteur de stagnation, voire de découragement.
Les jeunes générations, plus lucides sur ce décalage, refusent de sacrifier leur vie privée ou leur santé mentale à un système qui leur offre si peu en retour. À quoi bon s’épuiser, souffrir et vivre du labeur si la dignité promise par ce contrat social n’est plus garantie ?
Ce rejet croissant pose une question fondamentale : doit-on continuer à considérer le travail comme une souffrance nécessaire pour atteindre le bonheur matériel, ou faut-il reconfigurer nos priorités ? Le travail doit-il être un vecteur de gain financier ou un moyen d’épanouissement personnel ? Peut-on réconcilier la quête de sens avec les impératifs économiques ?
Il s’agit d’une refonte civilisationnelle, une redéfinition du rapport de l’humain à son labeur. Dans une société où la richesse globale n’a jamais été aussi élevée, il est urgent de se demander : le travail doit-il encore être synonyme de souffrance, ou pouvons-nous en faire un pilier de dignité, non à l’ancienne, mais pour l’avenir ? Certains jeunes adeptes du raccourci le suggère en tout cas. Surtout depuis la Covid 19 ou on peut travailler depuis la maison. Plus besoin de se déplacer.
JULIEN BOUABRE
photo:dr
POUVOIRS MABAZINE