Ce lundi 18 novembre 2024, la Côte d’Ivoire perd l’un de ses plus grands artistes.
Monné Bou, pionnier de la peinture contemporaine ivoirienne, s’est éteint à l’âge de 80 ans, laissant derrière lui un héritage exceptionnel et un vide immense dans le monde des arts plastiques. Après plus de 50 ans de carrière marquée par une créativité sans fin, il laisse une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art national et international.
Monné Bou n’était pas seulement un peintre, il était une véritable légende vivante. Son génie résidait dans sa capacité à transcender les frontières de l’art traditionnel pour proposer une vision unique du monde, portée par sa technique révolutionnaire du « jet ». Cette méthode, qu’il a affinée au fil des années, consistait à projeter la peinture sur la toile à distance, créant des formes abstraites qui, vues de loin, se transformaient en des images claires et évocatrices : des scènes de la vie quotidienne, des portraits d’enfants ou des paysages comme sa fameuse « Forêt d’hévéa ». Chaque coup de pinceau, chaque éclaboussure de peinture, racontait une histoire et plongeait l’observateur dans une expérience visuelle saisissante.
Monné Bou a marqué de son empreinte non seulement l’art, mais aussi l’éducation artistique en Côte d’Ivoire. En tant que professeur à l’Ufrica, il a formé de nombreux jeunes artistes, leur transmettant son savoir-faire et sa vision de l’art. Son influence s’étend au-delà de ses propres œuvres, car il a su incarner l’excellence et la passion dans son enseignement. Ses étudiants, comme l’artiste Isidore Koffi, se souviennent de lui comme d’un mentor exigeant, mais toujours bienveillant, dont les enseignements continueront de guider les générations futures.
Son art a eu une portée internationale, et ses œuvres ont captivé des publics du monde entier.
Son style inimitable, inspiré par les grands maîtres de l’expressionnisme abstrait, mais aussi profondément ancré dans la culture ivoirienne, a touché des cœurs bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire. Les critiques et les amateurs d’art s’accordent à dire que Monné Bou a su allier abstraction et figuration d’une manière qui lui est propre, ouvrant une nouvelle voie pour la peinture contemporaine.
L’hommage rendu à Monné Bou, lors de l’exposition « Monné Bou : le mystère du jet, 50 ans après », en mars 2024, restera dans les mémoires comme un moment fort. La rétrospective de ses œuvres a permis à tous de redécouvrir l’étendue de son talent, tout en honorant la trajectoire exceptionnelle d’un artiste qui a su allier passion et rigueur pendant plus d’un demi-siècle. La Côte d’Ivoire, à travers cet événement, a salué son immense contribution à la culture nationale.
La disparition de Monné Bou est une perte irréparable, mais son œuvre restera vivante et continuera à inspirer. Son art, son esprit novateur et sa vision du monde à travers les couleurs et les formes sont désormais un héritage pour l’Afrique et le monde entier. Les générations futures pourront toujours se tourner vers ses toiles, témoignant de la richesse de son talent et de sa vision artistique.
Monné Bou a laissé une empreinte éternelle dans l’histoire de l’art ivoirien. Aujourd’hui, nous pleurons sa disparition, mais son œuvre continue de vivre, transcendée par l’émotion et la beauté de ses créations. L’artiste est parti, mais son héritage lumineux persistera à travers chaque toile, chaque œuvre, chaque inspiration qu’il a partagée avec nous.
HARON LESLIE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE