Communiqué de presse : Restons confiants en la justice ivoirienne, pas aux jugements sur les réseaux sociaux.
Depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire se sont transformés en véritables tribunaux improvisés, où un petit groupe d’influenceurs semble entraver le processus judiciaire.
Ryan, un jeune ivoirien, a courageusement pris la défense d’une mère dont le fils mineur a été victime d’abus sexuels commis par deux adultes. Malheureusement, il se retrouve aujourd’hui injustement accusé de pédocriminalité sur TikTok par des proches de ces adultes, alors qu’il a simplement voulu dénoncer l’inacceptable. Actuellement en détention provisoire pour une enquête relative à la « corruption des mineurs », Ryan et sa famille subissent un lynchage public sur les réseaux sociaux.
Nous rappelons, comme l’a souligné le ministre de la Jeunesse, Mamadou Touré, que « nous sommes dans un État de droit, et nul n’a le droit de se faire justice ». Malgré cela, des vidéos montées et des accusations infondées continuent de circuler, piétinant les principes fondamentaux du droit dans notre pays. Cette situation alimente une colère dangereuse, attisée par des influenceurs en quête de visibilité et de gains financiers.
De telles pratiques sont préjudiciables à notre justice et aux victimes. Nous convenons tous que lorsqu’un individu est soupçonné d’infraction, des mesures de contrainte peuvent être appliquées pour le bon déroulement de l’enquête. Toutefois, la loi rappelle clairement que toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire, comme l’indiquent l’article 2 du Code de Procédure pénale et l’article 22 de notre Constitution.
Il est crucial de s’interroger : qu’est-ce qui est réellement reproché à Ryan ? Pourquoi mérite-t-il un traitement si déshumanisant sur les réseaux sociaux ? Comment peut-on permettre à des personnes sans lien avec la justice de le photographier dans des conditions dégradantes tout en se vantant de contrôler la situation ?
Nous avons tous été témoins des images humiliantes de Ryan en détention. Est-ce cela, la justice, pour un individu sans accusations concrètes, toujours présumé innocent ? La loi ivoirienne impose que toutes ces mesures soient supervisées par les autorités compétentes. Il est essentiel de rappeler que la justice ivoirienne n’a pas besoin de « likes » pour fonctionner. Ce sont les preuves et les procédures qui garantissent l’équité, pas les jugements hâtifs. En tant que citoyens, nous devons faire confiance à nos institutions et laisser les enquêteurs travailler sans pression extérieure. Le ministère public s’efforce déjà d’entendre et de protéger les victimes, un processus qui nécessite du temps et du respect.
Nous appelons à la vigilance de nos autorités, car chacun d’entre nous mérite d’être traité avec dignité, y compris à travers un procès équitable, comme le stipule la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une opinion publique, même relayée par des influenceurs, ne doit pas violer ce principe fondamental de notre humanité. Notre pays, la Côte d’Ivoire, est une terre d’accueil qui valorise la justice et la solidarité. En ces temps difficiles, il est de notre responsabilité collective de ne pas partager des accusations sans preuves ni diffuser des images privées. Ce comportement n’est pas une protection, mais une destruction, et peut être poursuivi pour diffamation. Respecter la présomption d’innocence est notre meilleure garantie d’une justice digne.
Nous lançons un appel à la retenue et à la vigilance : restons fidèles à nos valeurs et laissons la justice faire son travail. Ensemble, en respectant nos institutions, nous garantirons que la vérité dans l’affaire Ryan éclate et que les véritables victimes obtiennent justice.
Signé, le collectif des citoyens ivoiriens et ivoiriennes responsables.