Chaque année, le président Ouattara alloue 100 millions à l’Église, un montant significatif versé chaque janvier, témoignant d’un soutien indéniable.
Cette générosité ne s’arrête pas là. A l’occasion de l’installation d’un nouvel évêque, un véhicule lui est souvent offert pour marquer cette entrée dans sa mission sacrée. En outre, des proches du président, tels que le Premier ministre ou le président du Sénat, emboîtent parfois le pas.
Multipliant les dons et renforçant ainsi le lien entre l’État et les institutions religieuses.
Lorsqu’un prêtre tombe malade, il bénéficie fréquemment d’un accompagnement de la présidence. Soulignant l’engagement de l’État à soutenir les acteurs de la foi. Cette attitude bienveillante du président Ouattara envers l’Église n’est pas sans raison. Bien qu’il se positionne comme un leader musulman, il affiche des valeurs chrétiennes. En particulier à travers l’influence de son épouse.
Il est crucial de noter que cette dynamique entre le pouvoir politique et les autorités religieuses ne se limite pas à l’actuel président. Historiquement, tous les gouvernements ivoiriens ont entretenu des relations étroites avec les leaders religieux. Sous la présidence de Laurent Gbagbo, par exemple, des voyages de pèlerins pour La Mecque on les a organisés. Cependant, cela n’a pas empêché certains imams de critiquer le président lors de sermons dans les mosquées d’Abidjan et ailleurs, ce qui met en lumière la complexité des relations entre politique et religion.
La question essentielle qui se pose est celle de l’utilisation de cet argent alloué à l’Église.
Que devient cette somme considérable, surtout lorsqu’elle semble ne pas bénéficier aux couches les plus défavorisées de la société ? Les fidèles, souvent en attente de soutien, ne voient pas toujours les retombées concrètes de ces donations. Il apparaît que des retenues soient effectuées en haut de la hiérarchie, laissant les communautés de base en quête de ressources et d’accompagnement spirituel.
Il est légitime de se demander si l’Église, dans son rôle de guide moral, utilise ces fonds de manière transparente et équitable. Les populations ont besoin d’assistance concrète, et l’Église a un rôle vital à jouer dans la redistribution de ces ressources. La connexion entre les pouvoirs spirituels et politiques, bien que souvent perçue comme un partenariat bénéfique, soulève des questions quant à l’efficacité de cette générosité sur le terrain.
MARIE GNIALET
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE