Comment interpréter la relation complexe entre Donald Trump et la Russie ?
Les liens troublants qu’il entretient depuis quarante ans soulèvent des interrogations profondes. Peut-on le considérer comme l’« homme de Moscou », ou cette vision simpliste minimise-t-elle sa nature profondément américaine et imprévisible ?
Dans un livre captivant, le journaliste Régis Genté affirme que Trump est « dans la main des Russes » depuis des décennies. Genté soutient avoir examiné tous les aspects de cette relation pour en arriver à sa conclusion. Selon lui, Trump n’est pas un « agent » rémunéré, mais plutôt un « contact confidentiel » des Russes, comme l’affirment des anciens officiers du renseignement américain.
Ce terme décrit quelqu’un que les espions cultivent, rendant des services en échange d’actions favorables à Moscou. Pour Trump, cela se traduit par des positions politiques qui affaiblissent l’Otan et minimisent le soutien aux Européens.
Genté avance également que la psychologie de Trump, avide de pouvoir, trouve un écho dans le modèle autoritaire russe.
Vous mentionnez que le KGB a orchestré le premier voyage de Trump à Moscou en 1987. Oui, cela est bien documenté par des enquêtes américaines. Un ancien agent de la NSA évoque cette opération typique du KGB, coordonnée par Natalia Doubinina, la fille de l’ambassadeur soviétique.
Natalia, en réalité un agent du KGB sous couverture, a organisé ce voyage avec l’aide d’Intourist, un organisme d’État. À son retour, Trump a publié une « lettre ouverte » dans trois grands journaux, demandant à ce que l’Amérique cesse de financer l’Otan, une déclaration particulièrement appréciée à Moscou.
Un autre aspect fascinant est l’interaction entre Trump et les mafieux russes à New York. Ces contacts économiques ont débuté dans les années 1990, lorsque la mafia rouge a afflué à New York. Ces mafieux ont souvent soutenu Trump lors de ses difficultés financières.
Bien qu’il soit difficile de dire si Trump aurait pu réussir sans ces liens, on sait que l’argent de la mafia a circulé dans ses affaires.
Genté souligne que treize membres de la mafia russe ont eu des liens avec la tour Trump au fil des années.
Pour lui, il est clair que, bien que Trump ne soit pas un agent russe au sens strict, il constitue un « contact confidentiel ». Ce terme implique qu’il reçoit un soutien en échange d’actions favorables à Moscou, comme affaiblir l’Otan et diminuer le soutien aux Européens.
Trump semble être un souverainiste en façade, profitant de la révolte antiglobalisation en Amérique. Toutefois, il pourrait défendre les intérêts russes en secret. Le journaliste note que la rhétorique de Trump peut sembler alignée sur les intérêts du Kremlin, notamment concernant l’Otan.
Cependant, Genté soulève des questions sur la manière dont Trump a dirigé son mandat, renforçant la présence militaire américaine en Europe. Pendant son mandat, il a soutenu l’Ukraine et tenté d’affaiblir le projet Nord Stream. Les démocrates affirment qu’il était retenu par des « adultes » autour de lui, qui l’ont empêché d’agir librement.
La réalité pourrait être plus nuancée : Trump a-t-il simplement utilisé les fonds russes tout en étant indépendant ? Cette ambiguïté soulève des questions sur ses intentions véritables. L’idée d’un Trump sous influence ne doit pas occulter sa nature profondément américaine et imprévisible
ETHAN GNOGBO
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE