L’unesco pleure son plus gros pilier

18 heures

Amadou-Mahtar M’Bow : Une vie dédiée à l’éducation et à la paix

Amadou Mahtar M’Bow nous a quittés ce 24 septembre 2024, à l’âge vénérable de 103 ans. Son départ marque la fin d’une ère, celle d’un homme qui a su traverser les tumultes du siècle avec une dignité et une grandeur exceptionnelles. Ancien scout, combattant pendant la Seconde Guerre mondiale, professeur dévoué, député, ministre de l’Éducation nationale puis de la Culture et de la Jeunesse du Sénégal, Amadou Mahtar M’Bow a toujours placé l’humain et la justice au cœur de ses combats.

Premier Africain à occuper le poste prestigieux de directeur général de l’UNESCO, il fut la voix de ceux que l’on appelait alors le “tiers-monde”, une voix pleine de sagesse et de convictions, qui portait haut les valeurs de paix, de respect des cultures et de droits humains. Sous son leadership, l’UNESCO n’était pas simplement une organisation internationale, mais un véritable vecteur de changement pour les peuples opprimés et marginalisés. Federico Mayor, son successeur à l’UNESCO, a salué en lui « un grand Monsieur de ce monde », un hommage simple mais profond qui reflète l’impact universel de M’Bow.

À travers son engagement, Amadou Mahtar M’Bow a vécu et incarné les grands bouleversements du siècle. Né en 1921 à une époque où les luttes pour l’indépendance de l’Afrique semblaient encore utopiques, il est devenu un acteur clé de la décolonisation et un témoin des transformations profondes qui ont marqué le continent.

Combattant pour l’émancipation de l’Afrique, il a également été un infatigable bâtisseur de ponts entre les cultures, croyant fermement au pouvoir de l’éducation pour changer les sociétés.

Son passage à l’UNESCO a symbolisé son plus grand combat : celui de la dignité humaine, de l’égalité des peuples, et de la promotion des cultures trop longtemps ignorées. Il a œuvré pour un monde où chaque nation, chaque peuple, aurait droit à la reconnaissance de son patrimoine et de ses savoirs. Son engagement pour la restitution des biens culturels et pour la sauvegarde des héritages nationaux demeure l’un de ses plus grands legs.

Amadou Mahtar M’Bow n’était pas seulement un homme d’État ou un fonctionnaire international. Il était, avant tout, un humaniste visionnaire, animé par une foi inébranlable en la capacité des hommes à transcender leurs divisions. Même à 87 ans, alors que d’autres auraient choisi le repos, il a présidé les Assises Nationales du Sénégal, conscient que le destin d’un peuple ne s’inscrit pas dans la fatalité, mais dans la volonté collective de ses citoyens.

Aujourd’hui, en ces moments de deuil, le Sénégal, l’Afrique, et le monde entier perdent un géant. Mais son héritage, son exemple, continueront de vivre, inspirant les générations futures à croire en un monde plus juste, plus équitable, où les valeurs humaines primeront toujours sur les intérêts particuliers.

Amadou Mahtar M’Bow a été bien plus qu’un témoin de l’Histoire ; il en fut un artisan. Son parcours, gravé à jamais dans la mémoire collective, reste une source d’inspiration pour tous ceux qui croient encore en la beauté des luttes pour la dignité humaine.

MARIE GNIALET

photo:dr

POUVOIRS MAGAZINE

 

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