Bassam: l’argent de péage explose…pourquoi?

1 an

Le péage de Bassam : entre boycott initial et performance record en 2023

En 2023, les résultats financiers des péages en Côte d’Ivoire ont montré une dynamique contrastée.

Parmi les six principaux postes analysés, le péage de Bassam s’est distingué par une performance inattendue. Alors que des boycotts et des critiques virulentes ont marqué son lancement contre toute attente, il a dépassé les prévisions. Et réalisé des recettes impressionnantes.

En 2023, le péage de Bassam a généré 4 619 897 500 FCFA, soit 122% des prévisions initiales de 3 780 000 000 FCFA. Marquant une hausse spectaculaire de 109% par rapport à 2022. Comment expliquer cette réussite, alors que ce péage était perçu comme l’un des plus contestés au départ ?

Le contexte initial : un boycott marquant

Lorsqu’on a mis le pont de Bassam en service, l’opposition à son péage fut immédiate et virulente. Les habitants de Grand-Bassam et les usagers réguliers de cet axe stratégique avaient rejeté l’idée de payer. Pour accéder à une route qu’ils considéraient comme un droit acquis.

Mouvements sociaux, manifestations, et campagnes sur les réseaux sociaux ont dénoncé le coût élevé du péage. Le péage de Bassam fut perçu comme une injustice pour les résidents locaux. Lesquels considéraient que l’État devait subventionner cet accès. Particulièrement dans une ville historique comme Grand-Bassam, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Pourtant, malgré ces débuts chaotiques, le péage de Bassam a connu un retournement de situation impressionnant. Les prévisions semblaient initialement ambitieuses. On les a pourtant dépassées. Cette métamorphose mérite une analyse approfondie, car elle révèle des dynamiques économiques et sociales intéressantes.

Pourquoi le péage de Bassam est-il devenu le plus performant ?

Plusieurs facteurs expliquent la surprenante réussite du péage de Bassam en 2023.

L’essor du tourisme et des loisirs à Grand-Bassam. L’attractivité croissante de Grand-Bassam en tant que destination touristique. Et balnéaire a indéniablement joué un rôle majeur dans l’augmentation du flux de véhicules. Les week-ends et jours fériés, de nombreux Abidjanais et visiteurs internationaux se rendent à Bassam pour profiter de ses plages. Et de son riche patrimoine culturel. Cette augmentation de la fréquentation a contribué à gonfler les recettes du péage. En comparaison avec 2022, où les recettes étaient de 2 210 098 500 FCFA, l’année 2023 a vu un bond spectaculaire, traduisant l’impact direct de cette hausse de visiteurs.

Le développement des activités économiques et commerciales. La région de Grand-Bassam a connu un essor économique avec l’installation de nouvelles entreprises, hôtels, et centres de loisirs. Cet accroissement des activités a attiré un plus grand nombre de camions, véhicules utilitaires et touristes sur l’autoroute Abidjan-Bassam, boostant ainsi les recettes du péage. De plus, la proximité de la ville avec Abidjan en fait une zone de transit pour les transporteurs et les voyageurs, contribuant à la performance du pont.

L’amélioration des infrastructures routières. Avec des routes bien entretenues et une fluidité de circulation améliorée sur cet axe, les usagers ont finalement trouvé un intérêt à utiliser ce pont payant plutôt que de chercher des alternatives. La qualité du service offert par le pont de Bassam a également rassuré les conducteurs, qui y voient désormais un gain de temps précieux pour rejoindre Abidjan.

L’évolution des mentalités. Le rejet initial du péage a progressivement diminué avec le temps. Les usagers ont fini par s’adapter à l’idée de payer pour bénéficier d’une infrastructure moderne et plus sûre. Cette évolution montre que, malgré les résistances initiales, une acceptation progressive des péages peut s’installer, surtout lorsque les avantages sont perçus.

Comparaison avec les autres péages

Alors que Bassam affichait un surplus de 122%, d’autres postes de péage ont connu des résultats plus modestes. Le péage d’Attinguié, par exemple, n’a atteint que 97% de ses prévisions avec des recettes de 13 179 059 122 FCFA sur une prévision de 13 590 941 154 FCFA. Singrobo a également enregistré 95% de ses prévisions, et d’autres, comme Djebonoua (73%) et Tiébissou (83%), ont nettement sous-performé.

La performance exceptionnelle de Bassam tranche donc avec ces résultats plus mitigés, soulignant la spécificité de cette région et de son usage intensif.

Comment gérer demain?

La performance du péage de Bassam en 2023 pose plusieurs questions stratégiques pour l’avenir de l’infrastructure des péages en Côte d’Ivoire :

Optimisation des flux sur les autres axes : Si Bassam peut servir de modèle en termes de rendement financier, les autorités doivent réfléchir à des moyens d’optimiser les autres postes de péage, notamment ceux de l’axe Yamoussoukro-Bouaké. L’amélioration des infrastructures et l’encouragement des investissements dans les régions plus éloignées d’Abidjan pourraient aider à accroître le trafic et les recettes.

Équilibre entre service public et péage : Le succès de Bassam montre qu’un modèle de péage peut fonctionner, même après une opposition initiale. Toutefois, il est essentiel de maintenir un équilibre entre rentabilité financière et accessibilité pour les citoyens. L’État devra veiller à ce que le coût des péages ne devienne pas une barrière pour les usagers réguliers, en particulier dans les régions économiquement moins dynamiques.

Impact environnemental et développement durable : Avec l’augmentation du trafic, il est crucial de prendre en compte les impacts environnementaux et de promouvoir des infrastructures durables. Le développement de moyens de transport alternatifs et écologiques pourrait, à long terme, influencer le modèle des péages.

JM AHOUSSY

photo:dr

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