POUVOIRS MAGAZINE a demandé à Tiburce Koffi l’ancien directeur de l’Insaac qui a motivé Christy Sax, la saxophoniste ténor nous invitant le 7 septembre prochain au Wafou de nous parler de sa pouliche.
Pourquoi avoir poussé Christy dans les bras du sax?
Tiburce Koffi : En réalité, c’est le saxophone qui s’est imposé à elle, et non l’inverse. Je ne suis pas son mentor, mais plutôt son parrain. Christy Sax est ma filleule, comme tant d’autres jeunes talents que j’ai accompagnés dans le milieu des arts et de la culture.
PM : Le saxophone ténor est souvent associé à des figures emblématiques comme Manu Dibango et Stan Getz. Pourquoi avoir recommandé cet instrument à une jeune femme frêle comme Christy Sax ? Pensez-vous que cela ne risque pas de lui causer des dommages ?
TK : Christy n’est plus frêle, comme vous le savez. Elle a gagné en embonpoint, ce qui lui permet de jouer du saxophone ténor avec aisance. De plus, ce n’est pas moi qui ai choisi cet instrument pour elle. C’est le saxophone qui l’a choisie. Tout saxophoniste sérieux maîtrise le ténor, l’alto, et le soprano. Certains ajoutent même la flûte ou la clarinette à leur répertoire. Christy a été formée par Christian Kapet, qui lui-même a été élève de feu Éric Tapé Daléba, un autre de mes filleuls. C’est Christian Kapet qui m’a fait découvrir Christy alors qu’elle était encore en formation.
PM : Qu’est-ce qui vous a convaincu qu’elle deviendrait une grande saxophoniste ?
TK : Mon intuition, le flair que j’ai en tant que musicien et enseignant, et mon expérience dans le domaine.
Christy était une étudiante disciplinée, polie, et très dévouée.
Sous mes conseils, elle a intensifié sa pratique de l’instrument, passant de moins de 30 minutes de répétition par semaine à plusieurs heures par jour. Le résultat a été remarquable : quelques mois plus tard, elle jouait déjà au Ménékré avec son orchestre, interprétant des morceaux du répertoire d’Awana. Elle rappelait alors Manu Yodan, ressuscité.
PM : Vous avez connu Manu Dibango et Manu Yodan, deux géants du saxophone. Sans faire de comparaison directe, quelle correspondance voyez-vous entre eux et Christy Sax ?
TK : J’ai eu l’honneur de connaître les deux Manu : Dibango et Yodan. Manu Yodan était un disciple de Manu Dibango, dont il avait emprunté les phrasés tout en explorant divers courants du jazz, de la Nouvelle-Orléans au Jazz Fusion. Christy Sax est encore en pleine progression, et il serait injuste de la comparer à Manu Yodan pour l’instant. Toutefois, il est tout à fait approprié qu’elle lui rende hommage. J’espère que, de là où il est, Manu Yodan lui apportera sa bénédiction.
PM : Que souhaitez-vous dire au public abidjanais à l’approche de cette soirée hommage à Manu Yodan ?
TK : J’invite le public abidjanais, en particulier les amateurs de jazz, à venir nombreux au Wafou ce samedi pour encourager Christy Sax. Elle est le futur du jazz ivoirien et mérite tout notre soutien.
Propos recueillis par
POUVOIRS MAGAZINE