Suite à l’appel de Bonoua de Gbagbo, la récente sortie de Charles Blé Goudé rentré d’exil le 26 novembre 2022 interpelle.
Après son arrivée, il a surpris plus d’un par es déclarations. Il a affirmé que Laurent Gbagbo, son compagnon de cellule durant les sombres années de la crise, avait refusé de le recevoir.
Au lieu de s’en tenir à ce rejet, Blé Goudé s’est rapidement affiché aux côtés de Simone Gbagbo, l’ex-épouse de Laurent Gbagbo. Puis/et de Pascal Affi N’Guessan, leader controversé du Front Populaire Ivoirien (FPI). Ils ont même eu des sorties quasi favorables au RHDP. Ce qui a laissé plus d’un observateur perplexe.
Pascal Affi N’Guessan, dans son pragmatisme habituel, a parlé de “partenariat pour la paix”, essayant de justifier ce rapprochement inattendu.
Mais voilà que récemment Laurent Gbagbo, appelle à la construction d’une nouvelle gauche unie et ravive les espoirs d’une vraie opposition. C’était à travers l’appel de Bonoua. Affi, fidèle à sa ligne de compromis, n’y voit aucun inconvénient. Simone Gbagbo s’est montrée favorable à ce projet de réunification. Seul Blé Goudé semble faire exception.
Dans ce contexte, les propos de Cissé Bacongo, ministre influent du régime, résonnent étrangement. “Blé Goudé est avec nous de jour comme de nuit“. Cette déclaration alimente les rumeurs de ses détracteurs qui l’accusent d’avoir cédé aux sirènes du pouvoir.
Financièrement affaibli- ses proches le confirment- Blé Goudé serait contraint de vivre de ce que le pouvoir actuel lui propose.
Surtout qu’on ne lui connait aucun rapport avec le travail au sens de labeur.
D’élève il a directement vécu de générosités politiciennes.
Blé Goudé est ainsi obligé d’adopter une posture ambiguë. Une posture où il se retrouve à critiquer Laurent Gbagbo tout en valorisant subtilement les actions du régime.
Sa curieuse déclaration, “Enlever quelqu’un du pouvoir n’est pas un programme de gouvernement“, invite à une question. Pourquoi créé t-on un parti? N’est-ce pas pour la conquête du pouvoir? Cette déclaration semble précisément conçue pour contrecarrer l’influence de Gbagbo. Tout en se positionnant comme un homme de raison. Mais cette stratégie n’est pas nouvelle. Affi N’Guessan, autrefois fervent opposant, avait lui aussi adopté une posture conciliatrice. Laquelle s’est soldée par un partenariat peu reluisant avec le pouvoir en place.
En vérité, ce n’est pas la gauche ivoirienne qui est divisée. Mais bien les ambitions personnelles de ses leaders qui cherchent, discrètement mais sûrement, à rejoindre le camp du pouvoir. Blé Goudé et son mouvement semblent s’éloigner de la gauche, et même l’avoir quitté. Brouillant ainsi les cartes d’un jeu politique déjà complexe.
JULIEN BOUABRE
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE
