L’Imam Diallo: La voix étouffée sous le régime Traoré
Depuis des années, la famille de l’imam Mahamadou Diallo craignait que ses propos critiques envers le régime militaire en place ne provoquent sa colère. Malgré ces craintes, l’Imam, fidèle à ses convictions, continuait d’exercer son rôle avec courage. Ses sermons, toujours empreints de vérité, ne laissaient personne indifférent. Un vendredi d’avril, lors de la grande prière à la mosquée de Lafiabougou, à Bobo-Dioulasso, l’imam de 74 ans fait une sortie. Il dénonça publiquement les exactions perpétrées contre les civils.
Sa voix portait loin, accusant sans détour les djihadistes et les autorités militaires burkinabè d’échouer dans leur mission. Pour lui, la solution passait par un dialogue courageux. Et non par la violence aveugle qui dévastait son pays. Une semaine après ce sermon, alors qu’il était tranquillement chez lui, son épouse le prévint de l’arrivée de quatre hommes en tenue militaire. Ces visiteurs, vêtus de treillis et de t-shirts, prétendirent être des gendarmes venus pour une affaire urgente.
L’imam, sans soupçonner ce qui allait suivre, accepta de les accompagner, montant d’abord dans la voiture de son fils.
Cependant, une fois sortis de la maison, les hommes l’attrapèrent fermement et l’enfoncèrent dans un 4×4 noir sans plaque d’immatriculation. Le véhicule démarra en trombe, laissant la famille de l’imam dans une stupeur totale, une inquiétude grandissante.
Depuis ce jour fatidique, l’imam Diallo a disparu sans laisser de trace. Les recherches sa famille et ses proches ont mené se sont heurtées à un silence assourdissant, un mur de mystère et de peur. La communauté de Bobo-Dioulasso est plongée dans l’angoisse, redoutant le pire pour cet homme de paix. Sous le régime du capitaine Ibrahim Traoré, les voix dissidentes semblent être réduites au silence. Laissant une société meurtrie et apeurée face à une oppression de plus en plus palpable. Et des menaces.
ETHAN GNOGBO
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE
