Rappel: Le matin du 25 juillet, le village d’Adjamé, un quartier traditionnel Ébrié d’Abidjan, a été transformé en champ de bataille.
Les équipes de démolition et les forces de l’ordre se sont affrontées avec les résidents locaux. C’était au sujet des « opérations de déminage » en cours lancées par les autorités ivoiriennes le 21 juillet. Ces actions font partie d’un projet de développement plus vaste. Ce projet vise à construire une nouvelle route de 1 km à travers la zone, affectant l’artère principale, l’Avenue Reboul.
L’arrivée soudaine des équipes de démolition à 6 heures du matin, sans avertissement préalable, a déclenché la colère des habitants. « Pourquoi détruire un village pour une simple route ? » » a interrogé Jacques N’Koumo, porte-parole du chef du village d’Adjamé.
Conflit d’intérêt
La communauté n’était au courant que des projets visant à dégager les rues bloquées par le commerce informel ou à élargir les routes. Et non à la démolition de maisons. La situation s’est aggravée lorsque les habitants ont érigé des barricades, jeté des pierres et incendié un bulldozer.
Cet affrontement a fait deux morts et plusieurs blessés, selon la chefferie du village et l’Ageroute, l’agence étatique chargée du projet routier. A l’approche de l’élection présidentielle, les événements ont pris une tournure politique.
On a adressé des critiques à Ibrahim Cissé Bacongo, gouverneur du district autonome d’Abidjan et figure clé du parti au pouvoir, le RHDP. L’opposition, dont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti du peuple africain de Côte d’Ivoire (PPA-CI), a condamné les violences. Elle a aussi exprimé sa solidarité avec les villageois touchés. La controverse entoure également les allégations selon lesquelles le village aurait reçu une compensation de 4,3 milliards de francs CFA. Un montant pour dédommager et assurer le déplacement. Une affirmation démentie par les représentants du village.
Ageroute a précisé que même si on avait signé un protocole d’accord en 2020, on a décaissé aucun fonds et le montant restait séquestre. Alors que les tensions couvent, la légitimité de l’opération et le traitement des indemnisations restent controversés.
L’incident souligne l’interaction complexe entre le développement urbain et les agendas politiques en Côte d’Ivoire. Soulevant des questions sur la gouvernance, la transparence et la protection des droits des citoyens.
JULIEN BOUABRE
photo: dr
POUVOIRS MAGAZINE