Depuis le 22 juin, plus d’une dizaine de toiles sont accrochées à la bibliothèque nationale d’Abidjan. Avant qu’elles ne soient décrochées le 21 juillet 2023, le détour vaut son pesant d’or tant l’exposition “Cord’âge” dégouline de beauté.
Le choix de la bibliothèque nationale est très audacieux et fait revivre un espace trop silencieux, et éteint par endroits. Alors les 11 pièces de l’artiste illuminent l’espace. Elles ne sont pas placardées, ni poinçonnées comme on en a l’habitude.
Non, Ly Lagazelle a suspendu (et non pendu) les corps de femmes que ne ride nul souffle et qu’on peut contourner comme des sculptures. Des femmes nues, vêtues de leurs courages, de leurs ancrages à la vie et dont on ne voit pas la nudité.
L’artiste est parvenue à vêtir l’invisible, à habiller l’inapparent.
La qualité de la lumière, en clair-obscur accentue l’idée de suggestion et transforme le spectateur en non pas voyeur, mais voyant. Et désormais doté d’une seconde vue, l’esprit va au delà du corps, pour percevoir delà ces puzzles de poitrines de poires fermes, de colonnes de jambes, de bassins qui déhanchent, de visages hors temps, percevoir la condition féminine.
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La condition d’un être voilé, d’être enlacé par des ficelles qui en disent long sur les ficelles de cette artiste. La ficelle de cette photographe, son astuce c’est la cohérence de son discours, le côté impulsif et charnel de son travail qui fonctionne presqu’à l’instinct. Pour preuve, en 2017, encore du mois de juin au mois de juillet, la photographe avait exposé dans un autre endroit insolite, le Bao Café de la cité des arts, “Instinctiv“.
Son objectif est toujours d’ouvrir les esprits aux fins de loger la femme du bon côté de l’histoire. “Cord’âge” écrit en noir & blanc comme du temps de l’argentique aide la femme à résister au temps, à briser les chaines des préjugés et enlacer l’immortalité.
POUVOIRS MAGAZINE