Cherté de la vie en Côte d´Ivoire : Cet autre échec de la classe politique

2 ans

Les échos s’estompent et les clameurs d’indignation se sont transformées en mou de résignation. Face à la hausse des coûts dans tous les secteurs en rapport avec leur quotidien, les populations font finalement la politique de l’autruche.

Ballottées entre l’impuissance du pouvoir et le manque de consistance de l’opposition politique. Désabusées devant une
société civile dont l’existence ne se limitait qu’ aux bourdonnements; de la volontaire Pulchérie Gbalet. Un ticket aller simple vers la maison d´arrêt et de correction d´Abidjan (MACA) pour cette dernière, le 19 août dernier et des broutilles sur les salaires des fonctions et agents de l´Etat auront définitivement étouffé les cris.

Le pouvoir d’achat des populations s’érode. La vie est de plus en plus chère. Et elles sont d’autant plus désespérées qu’aucun indicateur fiable ne permet de connaître l’origine d’une telle flambée. Du moins, en dehors des clichés servis par les décideurs. Concernant l’alimentation, le coût élevé des produits vivriers est lié au climat caractérisé par une faible pluviométrie. Cela affecte la disponibilité des produits face une demande forte.

L’éloignement des zones de production par rapport à la ville d’Abidjan affecte la fréquence des approvisionnements et impacte
les prix à la hausse. Enfin, la croissance démographique en 2022 marquée par une urbanisation galopante, le coût du transport,
l’existence de cartels et les pratiques spéculatives expliquent aussi le renchérissement des prix. Déclarait impuissant Souleymane
Diarrassouba, en novembre 2018, alors qu’il était ministre du commerce, en réaction à la détresse des populations.

En d’autres termes ce n’est la faute à personne, mais au temps, pour ne pas dire aux intempéries. Comment peut-on prendre de tels arguments au sérieux, au 21ème siècle ? C’est à croire que si la Côte d’Ivoire était un pays sahélien on mourrait tous de faim.

En effet, après soixante années d’existence et une politique dynamique de formation de cadres, la Côte d'Ivoire ne réussit toujours pas à mettre en place une politique qui lui permette de maîtriser ses besoins de consommation les plus courants et les plus ordinaires.

Dans le domaine agricole, l’ambitieux programme de développement de la production du riz mis en place par le premier président de la Côte d’Ivoire pour anticiper sur la demande croissante de la consommation de cette denrée du fait de l’urbanisation continue de toussoter.

Confronté à une mauvaise volonté des successeurs à Félix Houphouet Boigny de perpétuer cette politique qui relève pourtant d’une nécessité. On n’a pas pu trouver de cadre ivoirien intelligent pour faire vivre la Société de développement du riz (SODERIZ) créée au milieu des années 70 comme bien d’autres SODE… et qui avait pourtant réussi à rendre la Côte d’Ivoire autosuffisante en riz.

Elle a été emportée par l’avilissant programme d’ajustement structurel des années 80 qui sanctionnait ainsi durement la politique économique hasardeuse du pouvoir Houphouët. La succédanée Agence Nationale de la riziculture (ANARIZ) porté par le
rêveur Kouadio Tiacoh n’a pas survécu à la chute des refondateurs. On attend toujours les prémices des actions du ministre du riz du précédent gouvernement Ouattara.

Dans le domaine de l’habitat, Houphouët continue de se retourner dans sa tombe. Aucun pouvoir n’a trouvé d’alternative à la SICOGI et à la SOGEFIHA. La politique des logements sociaux se réduit à des slogans faute de lisibilité dans la gestion de l’habitat d’un pays en plein boom démographique. La complainte majeure des populations reste pourtant le coût des logements qui connait une flambée. Surtout dans la capitale économique qui subit une très forte pression.

En clair, la Côte d’Ivoire, la soixantaine passée, n’a pas encore de politique pour elle-même. Car, s’il y a des secteurs tels que l’énergie et le transport dont les coûts restent encore liés aux contingences extérieures, il faut reconnaître qu’on n’a pas fait grand-chose pour contrôler ce qui semble être à portée.

Un pays qui aspire au développement ne peut pas être dépendant de l’extérieure pour ce qui concerne ses besoins primaires. Et tant que les choses seront en l’état, la lutte contre la cherté de la vie restera au stade de spéculations.

Eric Lacombe

Pouvoirs-Magazine

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