Maestro Stee Jay Jay: ” Dez Gad était complètement différent de Benson”

5 mois

Stee Jay Jay a été le premier pianiste à asseoir avec Dez Gad ses compositions musicales. Depuis l’Europe où il est basé, il revient sur les partages avec l’artiste à l’honneur le 30 avril à l’institut français

Dans quelle circonstance elle s’est faite et à quand remonte votre rencontre ? 

Notre rencontre musicale se fit à la faveur d’une soirée spéciale de jazz dans un des importants clubs abidjanais en plein essor: le hit-parade.

J’ignorais qu’il était baoulé car le pseudo “Dez Gad” et le style typiquement “Black Fat Américain” était si high que le nom Gadeau m’était totalement étranger.

”Je l’ai pris pour un Américain”

Après une session jam avec les musiciens du club dont certains étaient déjà ses plus proches collaborateurs, je me présentai à sa table d’honneur pour lui dire en anglais ” It’s great big man” car je croyais fermement qu’il était Américain. Il me regarda et se mit à rire. Puis me répondit en Anglais ” Nice to meet you here, I know you’re a Pianist. “. J’avais tout de suite compris qu’il me savait pianiste. Il me tendit sa carte de visite que je mis dans mon portefeuille sans y avoir jeté le moindre regard.

Le Lendemain,  je me suis rendu compte que ” ce n’était pas mon camarade musicien “. J’étais surpris agréablement de lire les titres et son statut social écrit sur cette carte.  (Rire)

L’affiche du concert hommage à Dez Gad

Quel genre de guitariste était-il? 

Dez Gad est un artiste pluridisciplinaire. Un véritable showman. Je crois qu’il reste acteur, comédien,  musicien, grand humoriste… Il n’a jamais cessé de me faire rire quand je l’énervais avec mes caprices. Tous ses talents se réunissaient chaque fois qu’il prenait sa Guitare.

Un véritable freestyler d’une précision impressionnante à la guitare. 

Quelle était sa force artistique en tant qu’instrumentiste?

Pour dire vrai, le boss, comme j’adorais l’appeler ne m’a jamais tendu ni une partition ni une grille d’accords. Nous ne parlions pas de théorie. Mais il se mettait à jouer pendant que je l’observais afin de déchiffrer ces expressions. Afin aussi de les mettre en partition, les analyser et les conserver pour une meilleure transmission aux autres collaborateurs. Ce fut, selon mon expérience un guitariste tellement humaniste et sentimentalement humble qu’il me posait 1000 questions. Sa force créatrice est l’extrême humilité et le désir d’apprendre des autres, surtout des jeunes et des enfants.

 Il avait du mal à se détacher de George Benson me semble-t-il. Non? 

Il était complètement différent de Georges Benson car beaucoup plus feeling que technique. Dez Gad avait la passion des autodidactes bien que d’une intelligence musicale très élevée. Il est vrai que le type de guitare utilisé est de la série de celles de Georges Benson. Mais si l’on donnait cette guitare au patriache Tonton Etienno par exemple, sûrement que le grand Benson se poserait des questions sur les baoulés et leur apprentissage de la guitare.

Parlez-nous de ce morceau “Joe will.”  Pourquoi plaît-il?  

J’ignore tout de l’historique des compositions de Dez Gad. Comme tout artiste, il devrait avoir son Bois Sacré. Je crois que chaque œuvre est une page de sa vie personnelle,  celle d’avec les autres et l’expression pure de ses vœux. Il est l’unique personne à devoir nous les raconter.

Qu’est-ce qui faisait la connexion entre vous.

Je suis son bon petit et confident. Et lui, mon « Bon vié pèr», au point de devenir le tonton de ses enfants…

C’est du pur love.

 

Photos: dr

Propos recueillis par

POUVOIRS MAGAZINE

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