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Sauf accident, le revenu moyen par habitant en Afrique subsaharienne atteindra enfin, en 2026, son niveau d’avant la pandémie.

Selon la Banque mondiale, qui a publié ses prévisions de croissance, ce revenu sera supérieur de 2 % à celui de 2019. Cependant, il est difficile de s’en réjouir en raison des comparaisons avec d’autres régions.

En Asie du Sud et en Asie de l’Est, la différence de niveau de vie entre 2019 et 2026 atteindra 30 %. Depuis la fin de la crise sanitaire, la reprise au sud du Sahara est qualifiée de « lente et à la traîne » par rapport au reste du monde. Les auteurs du rapport « Africa’s Pulse » estiment urgent de relancer l’activité pour sortir du piège de la faible croissance.

Plus d’un tiers des habitants de la région vivent déjà dans l’extrême pauvreté. Andrew Dabalen, chef économiste pour l’Afrique de la Banque mondiale, a alerté que si cette tendance se poursuit, cela pourrait être catastrophique. Néanmoins, certaines nouvelles sont positives : le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 3 % cette année, atteignant 4 % en 2025.

Des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ouganda et la Tanzanie affichent une croissance robuste, dépassant 5 %, voire 6 %.

La relance économique est soutenue par la consommation des ménages, alors que la pression inflationniste diminue dans la plupart des pays. Deux ans et demi après le début de la guerre en Ukraine, peu d’États, comme le Nigeria et le Ghana, continuent de faire face à des hausses de prix à deux chiffres.

Le contexte s’améliore également grâce à la baisse des taux d’intérêt initiée par les banques centrales des pays développés. Certains pays africains, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Kenya et le Sénégal, ont recommencé à emprunter sur les marchés financiers. Cependant, la Banque mondiale indique que ces éléments positifs ne suffisent pas à compenser les risques pesant sur les perspectives de croissance.

Les chocs climatiques, tels que les inondations et sécheresses, exacerbent les problèmes de sécurité alimentaire. Les conflits, présents du Sahel à l’Éthiopie, aggravent encore la situation. Les violences et l’instabilité politique effraient les investisseurs et augmentent les vulnérabilités économiques. La guerre au Soudan a entraîné un effondrement économique, conduisant la Banque mondiale à abaisser ses prévisions pour 2024.

Un autre défi majeur réside dans le service de la dette, dont les coûts ont explosé. Ce poste absorbe en moyenne un tiers des recettes publiques des États subsahariens, limitant les investissements. Cette situation est le résultat de l’augmentation de l’endettement au cours de la dernière décennie et de la réorganisation des créanciers.

Les créanciers traditionnels, comme les institutions multilatérales et le Club de Paris, ont vu leur part diminuer au profit du secteur privé et de la Chine.

Actuellement, 80 % des paiements d’intérêts sont dus à ces prêteurs.

Plus de la moitié des économies à faible revenu de la région sont sur la voie du surendettement. Certains pays, comme la Zambie, le Ghana et l’Éthiopie, ont déjà fait défaut.

Pour d’autres, rembourser devient de plus en plus difficile, même pour ceux qui empruntent à nouveau sur les marchés financiers. Des signaux d’alarme se font entendre, comme au Sénégal, où Moody’s a abaissé la notation financière du pays. La Banque mondiale souligne que cette situation ne doit pas décourager les gouvernements d’agir pour relancer la croissance.

Cela nécessite des investissements dans le capital humain, notamment l’éducation. Bien que l’Afrique subsaharienne accueille plus d’élèves que jamais, près de neuf enfants sur dix sont incapables de lire un texte simple à 10 ans. La Banque mondiale avertit que ne pas investir dans l’éducation nuira au développement économique pendant des décennies.

Il reste à déterminer où trouver les ressources nécessaires. Créer de nouvelles marges de manœuvre budgétaires est délicat, comme l’ont montré les émeutes au Kenya après l’augmentation des taxes. Andrew Dabalen reconnaît que le mécontentement est palpable, mais les populations réclament une meilleure gouvernance, moins de gaspillage et des réformes plus audacieuses.

JM AHOUSSY

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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