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Hiné, le Saxophoniste Ivoirien en Harmonie avec Son Histoire et Son Futur

Hiné est un souffle nouveau dans l’univers du jazz ivoirien. Un artiste dont le parcours musical semble résonner d’une quête intime, entre héritage et renouveau.

Fils de pasteur, il a d’abord laissé ses doigts danser sur les touches du piano en 2013. C’était pour apprivoiser les premières notes d’une destinée musicale qui le mènerait plus loin.

Mais c’est en 2016, lorsqu’il pénètre les portes de l’INSAAC, que sa rencontre avec le saxophone se fait inévitable. Une vidéo de Kirk Whalum jouant du sax lui apparaît comme une révélation. Comme un éclat de lumière qui illumine son chemin musical. Depuis cet instant, l’instrument n’a plus quitté ses mains ni son âme.

Dans son univers sonore, Hiné puise l’essence de ses inspirations dans les profondeurs du jazz.

Le souffle indomptable de Charlie Parker, l’audace élégante de Miles Davis, et bien sûr, la magie de Kirk Whalum — ces noms résonnent dans son cœur. Parker, qu’il décrit comme un maître de l’imprévisible, l’a captivé par sa capacité à improviser des mélodies inattendues.

Presque comme si chaque note cachait un secret, un fragment d’histoire que seuls les initiés peuvent saisir.

« Chaque note doit être comme une langue à traduire », confie Hiné.

Conscient que chaque souffle passé à travers son saxophone porte en lui les battements de son peuple.

Mais au-delà des notes et des rythmes, Hiné se peut définir comme un musicien en quête de sens. Un artisan sonore qui veut donner une voix à ses réalités africaines. Son passage au Village Ki-Yi, un sanctuaire culturel, lui a appris l’importance d’affirmer son africanité.

Il s’agit pour lui de transcender l’instrument occidental pour faire résonner sa propre voix, authentique et enracinée. « Il fallait sonner autrement que l’autre », se souvient-il. Tout déterminé à réinventer le jazz pour lui donner des accents ivoiriens. Une couleur unique qu’il souhaite partager avec le monde.

Le chemin vers cette réinvention n’est pas sans défis. Hiné rêve de voir l’Afrique s’ouvrir pleinement à la musique instrumentale. Avec des bars à live, des soirées dédiées, des espaces où l’on célèbrerait la virtuosité de l’improvisation. Et où les jeunes musiciens pourraient exprimer leur art sans contrainte. Pourtant, les obstacles sont nombreux : le manque d’instruments, de livres, de ressources.

Mais malgré cela, Hiné reste optimiste. Pour lui, la graine est plantée.

Et déjà, des figures comme Lionel Loueke, Victor Dey ou Richard Bona prouvent que l’Afrique a sa place dans le jazz mondial.

« Dans moins de cinq ans, nous entendrons des noms africains résonner sur les plus grandes scènes de jazz », affirme-t-il avec une confiance sereine. Le saxophone, qu’il décrit comme le “logo du jazz”, est plus qu’un simple instrument pour Hiné. C’est un outil de transformation, un compagnon qui guide sa pensée et affine son esprit.

Ses morceaux préférés ? “Tutu” de Marcus Miller pour la symbiose entre mélodie et accords, et “Billie’s Bounce” de Charlie Parker, un blues de 12 mesures qui, à chaque écoute, lui procure un plaisir intact. À travers ces œuvres, Hiné trouve l’écho de son propre parcours, entre technicité et émotion brute.

Hiné n’est pas seulement un musicien, il est un conteur, un passeur d’âme. À chaque souffle, à chaque note, il tente de traduire quelque chose de plus grand, quelque chose d’invisible, mais profondément présent. Il est la voix d’une génération qui, à travers le jazz, veut faire entendre son histoire, son espoir, et surtout, son identité.

AK

photo; dr

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