Enquête express: ça vole trop à l’hôpital

1 mois

En Côte d’Ivoire, les hôpitaux, censés être des lieux de sécurité et de soin, deviennent de plus en plus des cibles pour les voleurs. On vole des médicaments. Mais bien plus.

Que ce soit le vol d’un téléphone portable, la disparition d’une tablette. Ou encore des documents d’identité introuvables, les vols dans les établissements de santé sont devenus une réalité préoccupante. Le phénomène touche non seulement les patients mais aussi le personnel médical. Plongeant ainsi ces lieux de guérison dans un climat d’insécurité.

Il est difficile de quantifier précisément le nombre de vols commis dans les hôpitaux ivoiriens. Les établissements de santé préfèrent souvent garder ces incidents discrets pour ne pas ternir leur réputation. Contrairement à d’autres pays, où des organismes comme l’Observatoire national de la violence en milieu de santé recueillent des données. En Côte d’Ivoire, il n’existe pas de plateforme centralisée pour signaler ces actes de délinquance. Cependant, les témoignages des patients et du personnel de santé indiquent que les vols sont fréquents.

Après l’hôpital général de Port-Bouët qui avait reçu la visite de quidams, où des voleurs avaient emporté un ordinateur de bureau. Et des tensiomètres, un micro moteur de prothèse dentaires ainsi que deux téléviseurs écran plasma, ça été au tour de l’hôpital général de Koumassi. Commune voisine, de subir un cambriolage à deux semaines d’intervalle.

Un problème structurel et une sécurité défaillante

Les vols dans les hôpitaux ne se limitent pas aux chambres des patients. Les vestiaires du personnel médical et les stocks de fournitures, les blouses sont également des cibles. « On rentre dans certains hôpitaux comme dans un moulin », confie un infirmier du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Treichville à Abidjan. « Il y a tellement d’entrées et de sorties que la surveillance devient quasi impossible. Et on ne peut pas compter sur les vigiles. Ils sont mal payés » Ce manque de contrôle et de sécurité expose les hôpitaux à des vols constants.

Au CHU de Yopougon, un autre grand hôpital d’Abidjan qui vient de reprendre du service le constat est similaire : « Les portables, les téléphones, les sacs à main… Tout y passe. Les vols sont monnaie courante ici », explique un membre du personnel sous couvert d’anonymat. “Même les habits” ajoute son collègue

Les vols ne se limitent pas aux patients hospitalisés. Le personnel médical n’est pas épargné non plus. Une infirmière du CHU de Cocody raconte : « Un de nos collègues a perdu Ses Berluti. Il a tellement parlé de sa chaussure italienne que quelqu’un lui a pris ça”   Un patient, hospitalisé depuis plusieurs semaines dans cet établissement, fait le même constat. “Dans mon service, les chambres restent ouvertes. Donc un objet de valeur peut intéresser. Des familles passent dans les couloirs et peuvent y jeter un œil. Pour ma part, j’essaie de cacher mes affaires.

Des mesures de précaution insuffisantes

Certaines mesures ont été mises en place pour tenter de réduire ces incidents, comme l’inventaire des objets des patients lors de leur admission. Cependant, ces mesures restent largement insuffisantes. « Souvent, la famille apporte des objets supplémentaires au cours du séjour qui ne sont pas répertoriés, ce qui complique la traçabilité en cas de vol », explique un membre de la commission des usagers du CHU de Treichville.

Les objets les plus souvent volés sont les téléphones portables et les tablettes, mais des incidents impliquant des objets de valeur plus personnels, comme des appareils auditifs et des dentiers, ont également été rapportés.

Pour lutter efficacement contre ce fléau, il est impératif que les hôpitaux ivoiriens revoient leurs dispositifs de sécurité. L’installation de caméras de surveillance, le contrôle des accès et la sensibilisation du personnel et des patients à la sécurisation de leurs biens sont des mesures qui pourraient contribuer à réduire les vols. En outre, la mise en place d’un système de signalement et de suivi des incidents de vol pourrait aider à mieux comprendre l’ampleur du phénomène et à développer des stratégies plus efficaces pour le combattre.

MARIE GNIALET

photo: dr

POUVOIRS MAGAZINE

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