Ce 5 novembre 2025, le temps s’incline. Soixante-huit ans de musique, de luttes et de lumière. Waipa Saberty le généreux passeur d’âmes — souffle une bougie.
Pouvoirs Magazine salue un homme bon qui fait danser les consciences et enseigne aux jeunes que l’art, c’est du travail sacré.
Très tôt, à Treichville, où il naquit un 5 novembre, un enfant a compris
que chanter, c’est respirer pour mille.
Que la note juste, c’est celle qui console.
La scène, ce n’est pas un podium :
c’est un autel.
Et depuis, il n’a cessé de prier avec des cordes vocales et des tambours.
Waipa Saberty,
c’est une barbe de sagesse et des yeux d’incendie.
C’est l’homme qui a vu Fela groover comme un prophète,
Rita Marley sourire comme une flamme,
et Alpha Blondy chercher dans sa gorge
la voix qui ferait trembler Babylone.
Waipa était là — à la fois l’ombre et la lumière.
Coach, frère, doublure et brasier.
À Minneapolis, en 1988, quand Alpha perdit sa voix,
Waipa chanta deux heures sans faille.
Comme si le souffle du reggae s’était déplacé en lui.
C’est ça, la légende de « Hercule », le surnom à lui donné par Alpha Blondy.
Mais le temps, au lieu de l’user, l’a poli.
Là où d’autres comptent leurs gloires, lui, il bâtit.
À Abobo-Baoulé, sur 600 mètres carrés de rêves,
il a voulu élever un centre. Un temple du savoir musical.
Pour forger les voix, éclairer les carrières.
Pour enseigner comment vivre de l’art sans vendre son âme.
Car Waipa le dit :
« L’art s’apprend. »
Et chez lui, cette phrase n’est pas une maxime —
c’est une promesse.
Ce 5 novembre,
l’Afrique le salue comme on salue un arbre ancien :
avec respect, avec chaleur, avec tambours.
Soixante-huit ans d’insolence douce,
de fidélité à la musique,
de refus de la compromission.
Soixante-huit ans à dire que l’utopie et l’audace
paient toujours,
même quand la vie rudoie,
même quand les cordes cassent.
Alors oui,
le vieux lion chante encore.
Son reggae a des rides de sagesse,
mais ses mots cognent comme des marteaux de liberté.
Et dans le vacarme du monde, quand les Ivoiriens donnent la priorité aux futilités, ou inclinent leur épine dorsale,
la voix de Waiper demeure : grave, droite, immuable.
Comme un totem sonore planté dans la mémoire de la nation.
Bonne fête, Waipa Saberty.
Tu ne fais pas seulement que chanter.
Tu éduques la vibration.
Suav’anniversaire
ALEX KIPRE
photo:dr
POUVOIRS MAGAZINE
