3 novembre : Aboudramane Sangaré, fidèle à Gbagbo

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Ce 3 novembre 2025 marque à la fois l’anniversaire d’Hubert Oulaye et le cinquième anniversaire du départ d’Aboudramane Sangaré.


Deux figures, deux destins liés par la fidélité à Laurent Gbagbo et à une cause demeurée vivante malgré le temps.

Le 3 novembre, jour de souvenir et de symbole

Le 3 novembre 2018, Aboudramane Sangaré, président par intérim du FPI, s’éteignait à Abidjan à l’âge de 72 ans.
Hospitalisé depuis plusieurs semaines, il avait lutté courageusement contre un cancer avant de succomber au petit matin.
Son décès, survenu deux semaines après celui de Marcel Gossio, avait replongé la famille frontiste dans une profonde tristesse.
Ce 3 novembre 2025, 7 ans après, le souvenir de son engagement continue d’habiter la mémoire militante ivoirienne.

Le compagnon d’une vie de lutte

Aboudramane Sangaré fut plus qu’un compagnon de route, il fut le double politique et moral de Laurent Gbagbo.
Les deux hommes s’étaient rencontrés sur les bancs de l’université d’Abidjan dans les années 1970, liés par une vision commune.
Formé en droit international, Sangaré plaçait la rigueur intellectuelle au service d’un idéal de justice sociale et de souveraineté.
De cette fraternité naquit un pacte indéfectible : rester fidèle à la cause du peuple, quelles qu’en soient les épreuves.

Surnommé « le gardien du temple », il avait assuré la direction du FPI pendant l’incarcération de Laurent et Simone Gbagbo.
En période d’exil, de divisions et de doute, il demeura ce repère moral que rien ne semblait pouvoir ébranler.
Il refusait toute compromission, persuadé que la fidélité valait mieux que la conquête du pouvoir à tout prix.
Sous sa présidence, la frange dite « historique » du FPI resta fidèle à la libération de Gbagbo comme priorité absolue.

Un homme de rigueur et de silence

Homme discret, peu enclin aux grands discours publics, il préférait l’action réfléchie à la gesticulation médiatique ou opportuniste.
Sa maison de Cocody, silencieuse et sobre, servait souvent de refuge aux cadres inquiets et aux militants en quête d’apaisement.
Il aimait citer Zadi Zaourou, leur maître à penser : « La lutte ne finit jamais, elle se transforme en devoir de mémoire. »
Ceux qui l’ont connu se souviennent d’un homme simple, loyal, mesuré, qui croyait à la force tranquille des convictions.

Aboudramane Sangaré laisse l’image d’un militant constant, d’un intellectuel droit et d’un stratège profondément attaché à la cohérence.
Sa mort fut ressentie comme une amputation pour la gauche ivoirienne, privée d’un pilier au cœur du séisme politique.
Cinq ans plus tard, son nom reste prononcé avec respect dans toutes les formations issues de la matrice du FPI originel.
Le PPA-CI de Laurent Gbagbo, où militent ses anciens compagnons, revendique encore aujourd’hui son héritage moral et politique.

Une date qui unit deux destins

Ironie du calendrier : ce même 3 novembre, Hubert Oulaye, président exécutif du PPA-CI, fête aujourd’hui ses soixante-douze ans.
Entre Oulaye et Sangaré, un même souffle : celui de la rigueur intellectuelle mise au service d’une cause nationale.
L’un veille désormais depuis l’au-delà, l’autre poursuit le combat dans un paysage politique en pleine recomposition.
Ainsi, le 3 novembre n’est plus seulement une date : c’est une passerelle entre mémoire, fidélité et continuité historique.

Aboudramane Sangaré avait coutume de dire : « Ce que nous avons commencé, d’autres viendront l’achever avec la même ardeur. »
Cinq ans plus tard, cette promesse résonne encore dans les rangs du PPA-CI et au sein de la gauche ivoirienne.
Son souvenir demeure une boussole pour ceux qui refusent l’oubli et choisissent de prolonger l’espérance d’une autre Côte d’Ivoire.
Et en ce jour symbolique, c’est toute une génération qui s’incline devant la mémoire du Gardien du temple.

7 ans après, Aboudramane Sangaré demeure vivant dans la mémoire des siens — fidèle, digne et inébranlable compagnon de lutte.

MARIE GNIALET

photo:dr

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